La musique dans un sale état

Après trente-trois années de bons et loyaux services, le Rock dans tous ses états met la clé sous la porte. Avec lui, c’est l’association l’Abordage qui se saborde après de long mois d’imbroglios politique et financier.

Les restrictions budgétaires ont eu la peau de ce « vieux » festival normand. Et c’est un simple communiqué qui met fin au RDTSE. Né à Evreux en 1984, il aura vu défiler Noir Désir, Bérurier Noir, Sonic Youth, Violent Femme, The XX, M, IAM, The Nits, etc. Avec 20 000 festivaliers sur 2 jours, l’édition 2016 avait peiné à trouver l’équilibre, à la recherche d’éternelles subventions pour renflouer les caisses. Le déficit cumulé  se montait à 250 000 € environ. De l’argent que la Maire d’Evreux versait de moins en moins. Jusqu’à ne plus rien donner. L’Etat ayant réduit de son côté ses aides, la mane se resserre. Et la culture est la première à trinquer. Bizarre, d’un côté nos chers politiques affirment qu’on est en guerre ; et de l’autre, ils ne donnent plus un centime à la « civilisation » qu’ils défendent. Comme disait Churchill pendant la seconde guerre mondial, alors qu’on voulait baisser le budget de la culture : « « Alors pourquoi nous battons-nous ? »

Au-delà, il semble que tous ces festivals « moyens » soient en crise, faute d’avoir jamais trouvé un modèle économique viable en dehors d’une redistribution de nos impôts. Car en face, la musique ne rapporte plus rien, sauf à certain ! Car les gros festivals arrivent encore à payer les cachets des stars bankables, en s’acoquinant avec de grosses écuries (Live Nation, Morgan Prod…).  Le résultat semble être l’appauvrissement des lignes éditoriales avec les mêmes artistes à l’affiche un peu partout en France. Nos festivals se transforment en prime time de TF1 un samedi soir, voire pire, en home page d’Amazone.  Effectivement, appeler ça de la culture est un peu suranné. Business ou mourir, il faut choisir.