Montréal côté disquaires

A Montréal, tout se passe au Plateau. Côté petite galette noire en tout cas avec 7 disquaires sur 10 installés dans ce quartier bobo, branché et très français. Les 3 autres étant un peu plus au Nord, rue Saint Bernard ou boulevard Saint-Laurent. L’excellent Death of Vinyle notamment.  

En venant par le métro, descendez à la station Mont Royal et profitez d’une belle journée sous le soleil de l’été indien pour faire provision de bons disques made in Canada. Enfin pas trop tôt quand même. Mieux vaut attendre midi avant d’arpenter le bitume et les éternels travaux de la métropole francophone.

Pour gagner du temps, évitez « Paul boutique » rue Mont Royal. Si la devanture jaune reste aguicheuse, voire charmeuse, l’intérieur offre un choix aussi pléthorique que désespérant : tous les disques sont dans un état pitoyable ! Les pochettes sont usées jusqu’à la corde et ne donnent qu’une seule envie : fuir ! Qu’importe, vous n’aurez pas remonté la rue vers le parc du Mont Royal sans avoir croisé les nombreuses libraires et leurs inévitables bac à disques. Oui, il n’est pas rare de trouver quelques raretés chez ces vendeurs de bouquins qui ont profité de la mode du vinyle pour arrondir leur fin de mois.

Première vraie étape : « L’oblique », rue Rivard, à l’angle de la rue Marie Anne. On est à 100 mètres à peine du métro. Ouvert depuis 1987, Luc Bérard saura vous donner les meilleurs conseils tant en musique indépendante qu’alternative. Un petit rayon de neufs pourra même vous éviter de dépenser votre argent chez l’ennemi de tous les disquaires indépendants de Montréal : la presque grande surface « Aux 33 tours ». L’équivalent de notre Fnac.

En poursuivant vers l’avenue Saint Denis, vous tombez inévitablement sur « Les Disques Beatnik ». Une excellente adresse qui marie le vintage des années 60 – dont un excellent choix de Beatles avec de nombreuses éditions canadiennes des 4 de Liverpool, le classique rock, le fameux rayon Franco où l’on retrouve en pressage canadien nos stars de la variété française, twist et yéyé, mais aussi de la pop des années 70 et 80. Ensuite, il faut reconnaître que les pressages locaux de nos artistes français sont passés de mode. Et surtout pas assez rentables pour nos très chères Majors souvent installées à Toronto et donc plus sensibles à l’immense marché anglophone. Ceci dit, c’est ici qu’on nous confirme que le premier album des Dogs a bien été pressé au Canada. La preuve ? Le vendeur en possède un exemplaire. Impossible de le dénicher pour autant… Même contre les 30 dollars estimés.

Prochaine étape, l’incontournable « Pick up » sis avenue des Pins. Ici tout respire l’ancien et la tradition. Entre 50’s et 60’s, tous les amateurs vont devenir fous. Et Denis saura les conseiller… S’il est bien luné ! Mais entre amateurs éclairés, rien d’impossible ! A noter que l’espace est partagé par une autre boutique qui au fond du magasin propose un choix orienté soul, funk et pop.  Une adresse à recommander !

Dernière étape, et peut-être, la plus recommandable, « Sonik » dans la sympathique rue Duluth. L’été, elle devient piétonne et les terrasses débordent de toute part. On y prend le temps de vivre. N’hésitez pas à déguster un Moka au lait d’amande à la Maison OFlore, à deux pas du Sonik justement. La petite boutique saura vous étonner avec un vrai choix de généraliste aux éditions bien choisies. Les fans de Garage y trouveront la perle rare. Les autres aussi. N’hésitez pas à discuter avec le taulier qui joue le jeu des confrères lorsqu’il ne dispose pas de la pièce recherchée. S’il n’y en avait qu’un se serait le Sonik !

Ensuite à chacun de se perdre dans ce quartier aux boutiques aussi rares, originales qu’étonnantes. Et toujours, cet art de vivre montréalais qui sait prendre le temps. Ça change de Paris !

Hervé Devallan