Maajun

Les barricades de mai 68 encore chaudes, l’épopée Maajun démarre. Nous sommes à l’automne 1969 lorsque les cinq musiciens se rencontrent : Jean-Pierre Arnoux, Cyril Lefebvre, Alain Roux, Roger Scaglia et Jean-Louis Lefebvre. Pour eux, « la musique n’est qu’une manifestation artistique du bruit ambiant ». C’est dans ce contexte qu’ils enregistrent leur unique album « Vivre la mort du vieux monde » en 1971. Groupe engagé et militant, un an plus tôt ils forment avec Komintern et Dagon, le FLIP, Force d’Intervention et de Libération Pop, dont le manifeste stipule que pour les jeunes « la Pop, c’est autre chose qu’un marché, c’est une nouvelle façon de vivre qui passe nécessairement par la contestation radicale de la société bourgeoise, de ses lois, de l’aliénation qu’elle sécrète et qui, hydre à mille têtes, nous étouffe tous » (Alain Roux, membre de Maajun, dans Musique et vie quotidienne : essai de sociologie d’une nouvelle culture). Nous sommes bien avant d’autres fronts de libération corse et breton.

Qu’importe. On a beau vouloir faire tomber toutes les barrières, on utilise la bonne vieille méthode du réseautage pour dénicher un studio digne de ce nom. Roger Scaglia et Jean-Louis Lefebvre font jouer leurs relations avec les prestigieux studios de Vogue (où ils avaient enregistré en 1968 un album avec Le Musical Collège) pour franchir ses portes en 1970 et diffuser leurs idées contestataires. Vogue, qui s’attendait à un album de pop-rock gentillet et grand public, tombe des nues devant cet album enregistré en une seule prise. Il faut dire que le disque s’ouvre sur un Avertissement au manifeste politique à venir, entre Marseillaise bancale et explosions assourdissantes. Le reste est à l’avenant avec la revendication d’une sexualité libre clamée sur « L’orgasme est prisonnier ».

Dans un premier temps, Vogue refuse de sortir l’album. Cela n’empêche pas Maajun de multiplier les concerts gratuits et d’écumer des festivals. Le groupe gagne l’adhésion de son public qui harcèle la maison de disque qui finit par sortir « Vivre la Mort du Vieux Monde » en 1971. A très peu d’exemplaires, il est vrai. Un album qui signe également la fin de l’aventure. Ou presque puisqu’en 2022, Souffle Continue réédite l’album en vinyle.

A ranger entre Frank Zappa et Jacques Higelin

Que sont-ils devenus ?
Jean-Louis Lefebvre et Jean-Pierre Arnoux deviennent Mahjun au milieu des années 70. Sous le nom de Jean-Louis Mahjun, Jean-Louis Lefebvre va sortir 14 albums où il est le plus souvent au violon électrique.

Fiche technique de Maajun
Ou : Paris
Quand : entre 1969 et 1971
Genre : Psychédélique
Line up :
Cyril Lefebvre (Guit) – Roger Scaglia (Guit) – Jean-Louis Lefebvre (Basse) – Jean-Pierre Arnoux (Batterie) – Alain Roux (Sax)
Album :
1971 : « Vivre la mort du vieux monde » (Auto Production)