Actu
« 101 chansons cultes » de Philippe Barbot
Comme toutes les listes : on s’arrête sur un chiffre rond (3, 5, 10, 50 ou 100) et on s’aperçoit qu’il en manque un. Alors pourquoi pas 101 ! « Comme les Dalmatiens, un nombre premier, un palindrome, un modèle de Doc Marten et le nom pluriel du premier groupe de Joe Strummer ». Et à la fin, un choix libre et arbitraire. On y retrouve quand même quelques uns des plus grands tubes (expression de Boris Vian) de notre époque, c’est-à-dire entre la fin des années 50 et le milieu des années 90. Grande époque des 45t, non ? Notre mémoire collective en convient : ils sont d’abord anglo saxons. Des Beatles aux Rolling Stones, de Led Zep à Oasis sans oublier U2, Stevie Wonder, Chuck Berry, Madonna ou David Bowie, le bréviaire de nos prières contemporaines s’avère bien garni.
Pourtant, là, n’est pas le propos, puisque Philippe Barbot a travaillé dur pour nous raconter le secret de fabrication de ces tubes. L’instant où le titre naît, jaillit, prend forme, passe d’un vague pressentiment, d’une petite mélopée fluette à un studio d’enregistrement avec Master et tête de gondole. Entre heureux hasards et rencontres accidentées, les 101 titres sélectionnés sont décortiqués et tout simplement magnifiquement contés. Un exemple vaut mieux qu’un long discours : « Born to be wild » de Steppenwolf. Je cite : « Un après midi de l’automne 1967, un musicien canadien se balade à Hollywood Boulevard lorsqu’il aperçoit une affiche représentant une moto planant au dessus du sol, des flammes sortant de son pot d’échappement, façon éruption volcanique. Sur l’affiche, un slogan « Born to ride » (…) Rentré chez lui, dans son petit appartement de Yucca Street, il se met fiévreusement à terminer la chanson. Elle s’intitulera « Born to be wild ». Notre musicien canadien s’appelle Mars Bonfire. (…) Les Loups des Steppes sont sur le point d’enregistrer un premier album et, entre deux reprises de standards, cherchent des chansons originales. Bonfire (de son vrai nom Dennis McCrohan), via son frère Jerry, leur propose son « Born to be wild » qui, au passage, a été déjà refusé par trois éditeurs successifs. Malgré la maquette enregistrée dans le style ballade folk, John Kay raconte : « Steppenwolf est né dans un garage. Nous étions entrain de travailler à notre album quand notre batteur nous a fait écouter la cassette de son frère. Le son était pourri, mais il y a avait « Born to be wild »… »
Voilà. La suite et les 100 autres histoires se trouvent dans l’ouvrage. Et tout est de la même veine. A chaque page son lot de surprises et d’illustration « d’époque », notamment les très belles pochettes de 45t ! Et j’ajoute que c’est superbement bien écrit, mais là vous ne serez pas surpris.
Hervé Devallan
« 101 chansons cultes » de Philippe Barbot aux éditions du Layeur, 39.90€