87 disquaires indépendants à Paris

Paris ne manque pas de disquaires. Et pourtant !  Ruinés par les grandes enseignes, le piratage, le téléchargement et le streaming, toutes ces boutiques indépendantes ont failli disparaître. Dans son guide, Le Paris des disquaires, Hervé Devallan fait l’inventaire exhaustif de cette « remontada » des spécialistes du disque Vinyle. 

Ils étaient plus de 3.500 en France à la fin des années 80. Reconnaissables à leur boutique tapissée de vinyles aux pochettes chamarrées. Les acheteurs fouillaient dans de larges bacs et repartaient avec un 33 tours sous le bras. Une nouveauté. Un collector. Puis vinrent les charges agressives des mastodontes de la culture tirant les prix vers le bas, les prises de marché toujours plus importantes de la grande distribution, le piratage, le téléchargement, le streaming, et autres catastrophes proches d’une invasion de criquets sur toute une profession. En 2010, les disquaires indépendants n’étaient plus que 200 ; mais, depuis quelques années, leur nombre ne cesse d’augmenter, ils sont désormais 400 à chercher, collecter, proposer de merveilleux disques vinyles, reflet d’une culture musicale dont le retour en force surprend autant qu’il enchante. Et ! Ironie du sort. Le rapport de force est aujourd’hui inversé puisque les petits distributeurs vont de mieux en mieux lorsque les grandes enseignes se voient menacées par la vente en ligne.

De l’afro-funk et du cyberpunk

Ce sont ces femmes et ces hommes, tous passionnés par leur métier dans une boutique dont ils sont presque toujours propriétaire, qu’Hervé Devallan a rencontrés. Son guide invite à dénicher des pépites d’ethno-musique aux sobres ambiances japonaises… Mais aussi de la house… Du Field recording qui permet d’écouter le vent, la mer et les oiseaux… De l’afro-funk et du cyberpunk…  Du boggie français ou américain… Et bien d’autres raretés à des prix parfois imbattables mais toujours respectables. N’oublions pas la musique expérimentale, la pop, le rock, la variété française et internationale : italienne, espagnole… Il y en a pour tous les goûts, y compris ceux des « graisseux » amoureux du hard rock, du blues rock, du garage rock… Rien n’est oublié dans Le Paris des disquaires ; la balade proposée par Hervé Devallan se classe par arrondissement, elle s’étant jusqu’au puces de Saint-Ouen et la proche banlieue, il y est question de diversité musicale soutenue par l’expertise d’incroyables professionnels, vendeurs-dénicheurs de perles rares. Ce guide est un véritable bréviaire du paradis de la musique.

D’irremplaçables professionnels

Hervé Devallan a rencontré tous les propriétaires des boutiques dont il se fait écho. Ses textes et interviews rappellent que les disquaires indépendants sont d’irremplaçables professionnels en lien direct avec les labels, les grossistes et les majors, autant de contacts indispensables pour obtenir des importations spécifiques et des perles rares thématiques. Un travail de longue haleine, véritable labeur sujette à une parfaite connaissance permettant à ces spécialistes de conseiller au plus juste leurs clients qui, de tout âge,  viennent chercher auprès d’eux ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Les disquaires indépendants défendent la diversité musicale, ils sont la continuité d’une culture que beaucoup ont enterrée trop vite : celle du disque vinyle. « On visitera ces bonnes adresses avec le souci de la qualité et non de la quantité. »

Jérôme Enez-Vriad
Le Paris des disquaires, un guide écrit par Hervé Devallan – Photos : Frank Valois – Maquette : Gilles Le Nozahic – Éditions Jazz & Cie – En vente chez les disquaires indépendants – 160 pages couleurs glacées – 12€