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« Camera Silens » avec Patrick Scarzello
Camera Silens, groupe culte ? Pour son auteur aucun doute. Et pour toute une série de fans nostalgiques, ça ne fait aucun pli. Un fait demeure : le parcours hors norme de son co-créateur Gilles Bertin. Une histoire qui renforce cette nette impression que l’on a affaire à un groupe punk pas comme les autres. La preuve, près de 40 ans plus tard, les bordelais font encore parler d’eux.
C’est une vue imprenable sur leur intérieur que nous propose Patrick Scarzello. Et pour cause, le rock critic musicien les a aussi vécues ses années chaotiques. Et pour mieux s’imprégner de cet engagement de tous les instants, il a laissé la parole aux intéressés. A commencer par Gilles Bertin qui comme ses camarades musiciens, se souvient des squats, des shoots et des salles de répétition. Ils avaient 20 ans au début des années 80, la première vague punk s’en était allée ; le street punk et la oï nageaient en haut trouble. Le Sida ne donnait pas encore son nom aux morts tombés pour le rock, la dope et les aiguilles sales.
Gilles Bertin a déjà dévoilé une partie du secret dans son livre autobiographique « 30 ans de cavale, ma vie de punk ». Oui, là où jouait le groupe, il n’était pas rare que des attaques à main armée aient lieu. Étrange. Jusqu’au casse final de la Brinks et la cavale d’une vie. Camera Silens ne s’est jamais remis de cette absence, enregistrant tant bien que mal un second album. Mais le cœur n’y était plus.
En 2020, il est difficile d’imaginer une telle génération fonçant droit dans le mur. Aujourd’hui, tout ce beau monde a 60 ans et les seuls qui continuent à accélérer ont fait carrière en politique. A la tête de notre pays. On connaît la fin…
Ce livre n’est pas indispensable, mais hautement recommandé. Ne serait-ce pour ce retour en France de Gilles Bertin, venu se livrer aux autorités françaises pour finir en paix. Décédé quelques jours avant la sortie de ce livre, il hante chaque page et ses amis n’y peuvent rien. Car oui, c’est aussi pour cela que Camera Silens est un groupe culte. Leur musique est passée au second plan. Ce livre en témoigne.
Hervé Devallan
« Camera Silens » avec Patrick Scarzello aux éditions Castormusic, 304 pages, 14€