L’interrogation demeure. Réédité début avril 2016, l’album culte de Dick Rivers laisse encore songeur… Et parfois le miracle !
C’est l’éternelle question : pourquoi Dick Rivers n’a pas connu la même carrière flamboyante que Johnny Hallyday et Eddy Mitchell ? Le complexe de la province ? Ou plus grave, le rejet de Paris ? C’est bien connu, la France, ce n’est jamais que l’Ile-de-France qui a réussi. Car côté bide monumental et albums tellement kitchs qu’ils en deviennent cultes, les trois ont leurs fardeaux. Sorti en 1969, « L’ ? » est donc culte… Il en a en tout cas tous les ingrédients : textes de Gérard Manset et du breton Alain Le Govic (ex Système Crapoutchik, aujourd’hui connu sous le nom d’ Alain Chamfort), arrangements de Paul Piot et son orchestre. Et c’est peut-être là où ça coince encore un peu : ces violons emphatiques dégoulinent de bonnes intentions, mais restent encombrants. C’est le moins qu’on puisse dire. Même lorsqu’un rythme bossa les transforme en BO pour série Z. Et puis au détour d’un titre, le miracle ! Tout commence à la fin l’album (« Une vie entière ») qui explose d’arômes lointains. Le suc de ces années érotiques est ici condensé en 3 titres indispensables. Les cuivres poussent Dick Rivers vers des sommets de Rythme and Blues, voire de Soul. Et de se dire qu’il était effectivement indispensable de rééditer cette « Interrogation » qui a su donner aux lignes de basse leur véritable place : au même niveau que la voix !
Hervé Devallan Dick Rivers « l’? » – (Parlophone / Warner) – ?/5 Les Chats Sauvages
