Disquaires à Brooklyn : loin du centre

Tout le monde en convient : quand on va à New York, c’est à Brooklyn qu’il faut désormais se rendre pour ressentir la ville. C’est là que ça se passer, face à la Sky line. Que ce soit Dumbo et ses bobos ou Williamsburg et ses artistes fêtards, il n’y a qu’une navette fluviale pour vous transporter d’un quartier l’autre. Côté disques, pas grand-chose à se mettre sous la dent si ce n’est le flea market sous le pont de Brooklyn avec, les week-end et jours fériés, deux disquaires, dont un vraiment bien achalandé. Attention cependant : si ses pièces pop rock sont intéressantes, n’espérez pas faire des affaires. Et vérifiez bien l’état des pochettes.

Car c’est un peu le lot de tous les disquaires visités à Brooklyn : les prix sont alignés sur Discogs. Avec une parité euro / dollar, la bonne affaire s’éloigne à vue de bacs. En revanche les pressages sont généralement d’époque et made in USA. La différence et l’intérêt se trouvent là. Pour les groupes locaux, on voit immédiatement que la cote des Ramones est à la hausse avec des vinyles affichés à 100$. On se tourne alors vers Blondie ou Steely Dan plus abordables (30 à 45 $ la pièce quand même). Le tout sous le bruit fracassant et régulier du métro juste au-dessus. On s’y habitue.

En dehors des marchés aux puces, il faut chercher les boutiques à quatre ou cinq stations de métro vers le sud en allant vers Coney Island, près de Prospect Park. Là les loyers sont encore abordables et les disquaires peuvent s’épanouir loin des buildings. L’occasion de découvrir un Brooklyn dans son jus. C’est là que se trouve Psychic Records dans la 7^ème avenue. Le patron, Chris, saura vous accueillir avec une forte envie de parler français dès qu’il découvrira votre accent. Une première phrase en anglais suffit ! De son côté, all is perfect ; « J’ai appris le français à l’école. » précise-t-il. On rêve d’atteindre le même niveau d’anglais à la sortie de la Terminale en France ! L’autre avantage de Psychic Records ? Ses nombreux bacs à 5$. On y trouvera forcément son bonheur compte tenu du décalage de mode entre les artistes américains et ceux prisés en Europe. Reste les autres bacs où les prix restent abordables compte tenu des réserves sus citées. On y a trouvé notamment le dernier Gojira. Il paraît que les frenchies habitent dans le coin…

En lui expliquant, où on voulait se rendre ensuite, Chris nous conseille Almost Ready Records. A une dizaine de station en bus, on s’enfonce un peu plus dans un Brooklyn en pleine mutation. La boutique est au pied d’une voie ferré aérienne et à deux pas de l’autoroute. Loin de tous magasins. Mais c’est peut-être la meilleure adresse visitée ! Que des pépites. Certes, il ne faut pas regarder au prix et donc à la dépense. Cinq disques et on n’est pas loin des 200$. Mais rayon pop rock, les groupes américains et anglais ne sont présents qu’en vintage. Quelques rééditions, mais toujours collectors. Bref, c’est la bonne découverte de cette journée « disques ». On repart la musette à ras bord en se demandant comment les douaniers vont prendre l’affaire. Tout s’est bien passé.

Hervé Devallan

Brooklyn Flea, 80 Pearl St, Brooklyn, NY 11201
Psychic Records, 413B 7th Ave, Brooklyn, NY 11215
Almost Ready Records, 135 Huntington St, Brooklyn, NY 11231

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