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Frustration : « On a un côté presque franchouillard, saucisse purée, barbecue. »

Le nouvel album de Frustration fait dans le sérieux. Une sorte de synthèse de toutes ces années à arpenter les scènes et les studios. Rien à dire si ce n’est qu’on adore. Nicus et Fabrice répondent à nos questions à deux pas de la boutique Born Bad, le disquaire où officie Marc. 

Comment naît l’idée d’un nouvel album chez Frustration ?
Nicus (guitare) :
C’est une somme et un tri de morceaux qu’on a créés entre la sortie du précédent et le moment où on a assez de titres pour sortir un album cohérent. On ne part jamais sur un concept album. Il n’y a pas de lignes directrices au préalable.

Sur « Our decisions », il y a 10 morceaux. Pour y arriver, vous en composez combien ?
Nicus 
: Et pour arriver à ces 10 morceaux, on en compose une vingtaine
Fabrice : Une vingtaine d’idées plus exactement. Parfois, on part de 22 ou 23 idées qu’on mélange et ça donne une dizaine de morceaux. A la fin, c’est très rare qu’on jette des titres. Souvent, il en reste 1 ou deux qui se retrouvent sur des face B de 45t. Ce sont souvent des titres qui ne rentrent pas dans l’équilibre de la set list de l’album. C’est comme ça que sur « So cold streams », le morceau « So cold streams » n’est pas sur l’album ! Il est sur une face A de 45t. Il n’avait pas sa place sur le disque. On n’est pas les seuls : « Fire of love » de Gun Club n’est pas sur l’album.
Fabrice (chant) : On n’a pas de deadline. On sort un album tous les 3 ou 4 ans. Là un peu plus, il y a eu le covid… C’est toujours le même process. On fait des morceaux, il y a des plans qui viennent et puis ça se fait. Au départ, on ne fout pas grand-chose. Il y a un côté branleur branquignole.
Nicus : Notre label, Born Bad, ne met aucune pression. On n’est pas tenu à délivrer un travail régulièrement.

Toutes ces idées naissent en studio ?
Nicus
 : On se retrouve tous les jeudis pour répéter à Mains d’Œuvres à Saint Ouen. Tout se passe durant cette journée. Au fil de l’eau, les idées se transforment en morceaux.

Quand vous rentrez en studio, les morceaux sont définitifs ?
Nicus :
Oui, on met tout en forme avant d’enregistrer.

Où a été enregistré « Our decisions » ?
Nicus :
Dans notre studio à Mains d’œuvres.

C’est le cas de tous vos albums ?
Nicus
 : Non, c’est la première fois. Depuis que Frustration existe et qu’on bosse avec le label, Born Bad s’occupe de louer un studio, en général à Romainville, au One Two Passit. Les gens sont super compétents et hyper sympas. Pour ce coup-ci, on a eu envie de revenir à un son plus sec, plus roots
Fabrice : Ce qu’on faisait parfois sur les 45t. Un son plus « rough » comme disent les anglais
Nicus : Oui. A la fois dans la façon d’enregistrer, mais aussi dans le matériel utilisé : nos amplis, nos micros… Le mixage va aussi dans cette direction. Il a été confié à un copain Jonathan Lieffroy, qui s’occupe aussi de notre son en live. Il nous connaît très bien. On voulait que le rendu soit beaucoup plus près du live. On avait envie de rentrer sur les bandes ce qu’on sait faire en vrai.

Du coup, vous avez enregistré dans les conditions du live ?
Nicus :
Les bases sont jetées ensemble. Ensuite on reprend instrument par instrument. De cette base jouée ensemble, on ne garde que la batterie.

Qui écrit, qui compose dans Frustration ?
Nicus :
La musique, c’est un peu tout le monde. Et les morceaux sont systématiquement crédités de tout le monde.
Fabrice : Sans jouer les fiers à bras, je ne pourrais pas être dans un groupe avec des signatures séparées. En revanche, ça n’empêche pas que j’écrive 80% des paroles. Sur les 10 morceaux du dernier album, les paroles de deux titres ne sont pas de moi : un c’est Nicus, le morceau en allemand, l’autre de Fred, notre synthétiseur. Sans compter celles qu’on a écrites tous les trois ensembles. Là on en parle par honnêteté intellectuelle, mais on s’en fout. Sur 20 ans de Frustration, il y a une demi-douzaine de morceaux dont les paroles ne sont pas de moi. Mais ça ne me pose aucun problème Ce qui me poserait problème, c’est s’il y avait une revendication de signature.

Les paroles sont très souvent en anglais ?
Fabrice :
Sur les 80 morceaux écrits depuis nos débuts, 5 ou 6 sont en français. J’ai participé à des groupes « en français » à la fin des années 80 et début 90 et je suis très bavard dans le domaine de l’intime au niveau d’un cercle contrôlé. Le français t’oblige à te mettre à nu. Et puis il y a ce côté concon du gamin de 16 ans qui aime quand ça sonne en anglais. D’ailleurs, je cherche les lignes vocales en yaourt. Une fois arrêté, je compte le nombre de pieds et j’écris ensuite. Je fais corriger les paroles par des amis pour la version finale. On travaille comme ça. Les morceaux en français, j’en ai pas faits pendant des années. Avant, au sein des Teckels, un groupe à la Sham 69, je m’amusais à faire des morceaux en français. Ça n’empêche pas que nous sommes tous fans de Brassens et de Boby Lapointe. Je me définis plus comme chanteur que comme parolier. Je fais passer plus d’émotions avec ma voix qu’avec mes paroles. J’écris des paroles parce qu’il faut, mais bon…Pour finir avec ça, je n’ai pas l’écriture transpirante avec des choses à revendiquer. Je n’ai aucun texte d’avance. En revanche, je siffle toute la journée !

Du coup, la bascule entre français et anglais se fait comment ?
Fabrice :
Sur les thèmes, déjà, je préfère me laisser imprégner par la couleur du morceau. Si je n’ai pas une fulgurance en français, c’est en anglais. De toute façon, j’ai été très marqué par des mauvais chanteurs français qui essayaient de faire rentrer 13 pieds dans une ligne de 8… Sur le dernier je séchais sur 2 morceaux : on a fait une écriture collégiale pour l’un et le synthé en a écrit un autre. Sans compter le morceau en allemand de Nicus.

Pourquoi un texte en allemand. Une ancienne influence de Marquis de Sade ?
Nicus
 : Non. C’est très simple : il doit y avoir 4 phrases répétées. C’est un texte de rupture. C’est en allemand parce que je le parle un peu et qu’écrire une chanson d’amour en allemand, pour nous français, c’est toujours un peu étrange.
Fabrice : Et le morceau fait très Kraftwerk.

L’héritage Joy Division et Marquis de Sade est toujours présent ?
Fabrice :
Pour ma part, je préfère le premier Marc Seberg. Davantage Coldwave. Marquis de Sade, c’est compliqué. Trop intelligent dans la façon d’aborder leur truc. C’est une musique d’érudits. En tout cas, punk ou post punk, loin de la Coldwave et de la newswave, même s’ils se revendiquent de Joy Division.
Nicus : Je n’ai jamais écouté Marquis de Sade ! Les rares morceaux que j’ai entendus, je les ai trouvés très poétiques dans les paroles et la musique. Nos références de base, c’était Warsaw et après Killing Joke.
Fabrice : Tout ça métissé avec des côtés crétins à l’anglaise, sans jamais flirter avec le street punk. Nous, on aime bien Audiard, Jean Yann… On a un côté presque franchouillard, saucisse purée, barbecue.

Quand vous jouez en province, vous êtes vus comme un groupe parisien ?
Fabrice :
Toujours. Même si on est deux à vivre en province maintenant. Moi dans le sud de Nantes et un autre à Redon. On prend le train toutes les semaines pour répéter.

Pourquoi les répétitions ne se font pas à Nantes ?
Fabrice :
Marc à son magasin (Born Bad, rue Saint Sabin à Paris, ndlr). Et puis, on a la Mains d’œuvres… C’est plus simple pour tout le monde.

Vos projets parallèles existent toujours ?
Fabrice :
On en a tous eu ? Certains en n’ont plus.
Nicus : Je joue toujours dans Warum Joe depuis 1991 et je participe pour les concerts uniquement au projet Tempomat de Jonathan Lieffroy. C’est un grand fan de la série Derrick et du synthétiseur MS. Pendant le confinement, il s’est amusé à regarder tous les épisodes sans le son en jouant du synthé par-dessus. Il en a fait 12 morceaux, a sorti un album et a demandé à Frédérick, le clavier de Frustration et à moi-même de l’accompagner sur scène.
Fabrice : Notre bassiste depuis 10 ans, Pat, a deux groupes : Last Night et Règlements. Marc le batteur ne fait plus de groupes, il est déjà bien occupé avec la boutique. Moi, plus trop non plus. Je fais un truc rigolo de temps en temps avec des potes où on reprend des morceaux de Brassens en changeant les paroles pour raconter la vie des rockeurs. Très potache, on ne marre beaucoup.

Trop de projets parallèles tuent le groupe principal ?
Fabrice
 : Surtout, ça prend du temps… j’ai fait un autre groupe sérieux et ça peut asphyxier. Il peut y avoir burn out. Nicus a bien négocié. Il faisait 5 ou 6 groupes…
Nicus : La hiérarchisation vient des sollicitations extérieures. Le premier concert réservé dispose de la priorité.
Fabrice : Exceptionnellement, c’est arrivé que deux concerts se chevauchent quand un super plan arrive en second. C’est arrivé une fois qu’on prenne un autre batteur. Une fois aussi on a eu le guitariste de La Femme qui a joué sur une date. Mais autrement, on refuse.

Aucune jalousie interne causée par ces sides projects ?
Fabrice
(étonné de la question) : Non, non. Si fallait comptabiliser l’ensemble des sides projects qu’on a eus en 20 ans ! Une douzaine au total sûrement. Il n’y a jamais eu aucune tension.

Hervé Devallan
Frustration « Our decisions » (Born Bad)

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