Rock Made in France

Nanogramme, Agence web paris nice, application web et mobile

Actu

Gainsbourg : 5bis rue de Verneuil

5bis rue de Verneuil. Ici vivait Serge Gainsbourg, entre le musée d’Orsay et le boulevard Saint-Germain. L’endroit est calme, dépourvu d’emphase, presque britannique, et tellement discret si les murs n’étaient pas recouverts de ses légendaires graffitis. Le propriétaire en a fait un repaire singulier, à son image, charmant et aristocratique. 

C’est en réalisant un documentaire sur Serge Gainsbourg que Marie David s’est passionnée pour l’homme à travers la relation singulière qu’il entretenait avec sa maison, acquise en 1968 et dans laquelle il vivra jusqu’à sa mort en 1991. Aucun génie ne pouvant s’accorder de l’ordinaire, le maître s’est construit un nid intime où le beau et l’élégance prennent le pas sur la commodité et le pratique. Sa vie fut une œuvre. Son intérieur aussi.

Les travaux commencent sitôt le travail de l’architecte et du décorateur effectué. La bichromie s’installe comme une règle essentielle. Murs noirs. Fenêtres laquées blanches. Le grand salon sera obscur – « Parce que chez les fous tout est blanc. » – avec, au sol, un dallage vénitien noir et blanc. Le piano demi-queue est lui aussi noir. L’essentiel du mobilier se construit autour de verres translucides et de bois sombres. Du métal. Doré. Encore du métal. Argenté. Les miroirs se reflètent les uns dans les autres. Aucun cadre n’est accroché au mur, ils sont tous négligemment posés au sol, alors qu’en fait leur place est savamment étudiée. Les objets sont disparates : Chesterfield baroque à têtes d’aigles, gramophone, décorations militaires, coupures de presse encadrées ; tous s’opposent mais relèvent d’une indéfectible cohérence esthétique, presqu’un manuel du « beau visuel » : une fois leur place trouvée, plus rien ne bouge.

Même les flacons Guerlain de Jane Birkin sont encore dans la salle-de-bain

Rien n’a effectivement bougé au 5bis rue de Verneuil depuis la mort de son illustre propriétaire. Ses objets fétiches, multiples cendriers, disques d’or et ses pianos sont toujours là. La nouvelle propriétaire, sa fille, Charlotte, y veille. Même les flacons Guerlain de Jane Birkin sont encore dans la salle-de-bain. Les parfums se sont assombris. Embrumés. Ils évoquent quelques sillages depuis longtemps évaporés. Tout ici raconte le vrai Gainsbourg. Un homme raffiné, méticuleux et délicat. Sa vie. Son histoire. C’est dans cette maison qu’il a composé ses plus belles mélodies et façonné son double, Gainsbarre, au milieu d’une collection de souvenirs hétéroclites mais de très belle facture.

Janvier 1991. Serge Gainsbourg rentre d’un centre de repos après plusieurs mois d’absence.  Il tourne le clef dans la serrure. Retient son souffle en poussant la porte. Ferme les yeux et se laisse happer par l’odeur familière des effluves de citron ; une recette de grand-mère qu’utilise Fulbert, son majordome, pour faire briller les sols, un zeste de jus d’agrumes diluer dans l’eau. L’odeur agit comme l’opium. Poison doux. Celui du souvenir. À 62 ans, le grand Serge est revenu dans sa maison du 5bis pour y mourir.

Jérôme Enez-Vriad
© Mars 2020 J.E.-V. & RockMadeInFrance

D’après le livre de Marie David : Gainsbourg 5bis due de Verneuil aux éditions Plon – 340 pages (dont deux consacrées au plan détaillé de la maison) – 19,90 €

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Abonnez-vous à notre newsletter

Retrouvez nous sur Facebook

    Les bonnes infos





    Les bonnes adresses