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Jean-Pierre Kalfon : « La musique me travaille, mais ma musique ne travaille pas les producteurs ! »

Un nouvel album de Jean-Pierre Kalfon. Le troisième finalement en 83 ans. C’est peu, même si l’acteur fut de la scène punk au festival de Mont-de-Marsan notamment. Il revient avec « Mefistofélange » entouré d’une bande de musiciens confimés. Rencontre.

Pour avoir choisi « Costard » comme premier single ?
JP.K. :
Je n’ai pas choisi. Je serai incapable de le faire : j’aime tous les morceaux. Toutes les paroles sont de moi. Quand on me demande choisir ça m’arrache la tête. Je laisse les autres faire. Et tout le monde s’est mis d’accord sur « Costard ». C’est un morceau très rock, très amusant… A la fin je débarque en fille !

Dans votre biographie, vous soulignez que la musique est votre passion première et pourtant, seuls quels paragraphes lui sont consacrés. Pourquoi ?
JP.K. :
Parce que j’ai fait plus de théâtre et de cinéma que de musique ! Gosse, j’en faisais beaucoup : trombone, trompette, guitare… A chaque fois je me faisais jeter alors j’ai fugué de chez mes parents quand j’avais 15 ans et je me suis démerdé dans la vie. J’ai été embarqué par des mecs dans des histoires d’acteurs et j’ai trouvé que c‘était vachement sympa. Et ça s’est mis à marcher et j’ai acheté des instruments de musique, une batterie notamment. Je ne pensais pas être capable d’autre chose : je ne savais pas lire la musique.

Vous vous êtes mis à la guitare par la suite.
JP.K. :
Oui. Je jouais de la batterie dans des groupes et les gars étaient souvent très défoncés. Ils tournaient sur un accord pendant des heures. Quand on est batteur c’est très chiant. Ce qu’il y a de bien, c’est de passer d’un morceau à un autre avec des tempos et des rythmes différents. Pendant que les autres roupillaient, j’ai fini par réapprendre la guitare. Et j’ai fini par jouer avec des gens comme guitariste. Ça s’est fait comme ça.

Pour « Mestofélange » vous n’avez pas composé, mais écrit toutes les paroles.
JP.K. :
Oui, sauf « Costard », un vieux morceau jamais sorti et « Gypsies rock-n’roll band » que j’avais composé à la guitare en 1980. Je l’ai repris, mais dans une version bien différente.

Pourquoi cette reprise ?
JP.K. :
Je l’ai repris parce qu’il est passé à l’as et que je l’aime beaucoup. C’et un morceau où je me présente. J’ai refait les paroles. Elles étaient pas mal, mais ne me plaisaient pas vraiment. J’ai refait un arrangement très différent avec de nouvelles harmonies. La version de 80, c’était 4 accords sur 6 ou 7 couplets. Toujours pareil. On l’avait enregistré à Londres avec de très bons musiciens, ceux de Gerry Rafferty. Pour « Costard », ça faisait aussi très longtemps que je l’avais dans ma hotte. J’ai changé les paroles. Avant ça commençais comme ça : « Je n’aime pas beaucoup qu’on se mêle de mes affaires / Je n’ai pas besoin qu’on me dise ce qu’il faut faire ». Je trouvais que c’était un peu trop… pataud. Je l’ai réécrit et je l’ai construite d’une façon très différente. Au début on croit que j’insulte les gens à qui je m’adresse et on se rend compte que c’est moi que j’insulte. La meilleure chose à faire dans la vie, dans l’humour, c’est de se moquer de sois même. C’est pour ça que dans le clip, je termine en gonzesse. J’ai essayé de faire une petite comédie. Pour la musique, la progression existait depuis longtemps, mais les paroles ne me plaisaient pas. Il y a quelques années, je m’y suis remis, mais toujours pas fini. Je l’ai terminé pour l’album.

Votre premier album est sorti en 1992 chez New Rose. Le second fin octobre de cette année. Pourquoi avoir attendu autant de temps ?
JP.K. :
La musique me travaille, mais ma musique ne travaille pas les producteurs ! Depuis 1965, j’ai fait quelques 45 tours de musique de films qui permettaient de m’exercer, de me roder, d’apprendre. Car c’est bien beau d‘écrire des chansons, mais après faut les chanter.

Cet EP 4 titres de 1965 a été réédité en 2019.
JP.K. :
Oui, c’est « My friend, mon ami » avec « La chanson hebdomadaire » en face B qui a éclaté les gens. L’EP est ressorti en 2019 chez Pop Supérette. Ils l’ont repris à l’identique avec un petit bandeau indiquant « Chanson Proto punk » en parlant de « La chanson hebdomadaire » : le premier punk dix ans avant les anglais ! Il y avait aussi « La guerre » sur un texte de Victor Hugo et « L’amour à fleur de peau », une bluette de Valérie Lagrange.

Pourquoi « Méfistofélange » comme nom d’album
JP.K :
Parce que je trouvais que ça sonnait bien. C’est une chanson hommage à Amy Whinehouse. Pour moi, c’est une espèce d’archange maudite qui s’est fait niquer par son mec et qui était un peu Méphisto. Lui était nul et il l’a fait plonger. Déjà qu’elle avait tendance à picole, il l’a fait plonger dans la dope. Quoi qu’il en soit, ça évoque quelque chose de jolie. C’est un beau titre pour un album.

Orthographié différèrent de la chanson titre.
JP.K.
 : Oui, c’est comme on veut. Au bonheur des dames !

Pourquoi ce disque en 2022 ?
JP.K. :
Ça fait longtemps que je voulais faire quelque chose, mais personne ne voulait de moi. J’ai envoyé une maquette à Valéry Zeitoun. Il a dit qu’il n’arrivait pas à télécharger les fichiers de wetransfer. Vous y croyez ça ? Bref. Après j’ai demandé à Olivier Nusse, PDG d’Universal. Pas de réponse. En parallèle, je faisais des petits concerts dans des endroits un peu bidons, comme ça. J’en ai fait un avec Jad Wio à la Sorbonne. Je ne suis pas entendu avec eux. On s’est aussi retrouvé avec les musiciens de Paul Ives pour un concert en son hommage. C’était un chanteur anglais qui a signé plusieurs titres sur mon album. A ces « vieilles chansons », j’en ai ajouté d’autres comme « Noir la nuit ». Et d’un seul coup est arrivé la guerre en Ukraine. J’ai changé entièrement les paroles. « Des tombes et des bombes », ça se termine quand même comme ça.

Méfistofélange est donc un mélange de vieux titres et de productions plus récentes ?
JP.K. :
  Oui, des vieux morceaux remis à jour avec changements de paroles quelque fois et des nouvelles compositions. Je n’avais pas envie de rester scotché dans ce que j’avais écrit il y a dix ans.

Vos musiciens, vous les connaissez depuis longtemps ?
JP.K. :
Ah oui ! Des copains qui sont venus en courant.

On pourra aussi les applaudir sur scène ?
JP. K :
Oui, pour l’instant, ils sont libres le 12 décembre pour Le Petit bain à Paris. Il y aurait en première partie Patrick Eudeline. En pleine période punk, j’avais sorti « Camion » sur la compilation Sky Dog Commando.

Le titre « Sextoy » combat la morale ?
JP.K. :
Vous pensez qu’ils vont m’attaquer ? Ils voudraient interdire tout ça. Je me méfie. Je voulais juste écrire une chanson un peu provoc et elle l’est. C’est tout. Mais je la trouve élégante, loin de toute vulgarité. C’est une musique de Paul Ives. Il a lu le texte. Il aurait pu faire quelque chose à la « Sex Bomb » de Tom Jones. On a évité ça. Le sujet est un peu scabreux pour beaucoup. C’est là où il faut faire quelque chose très 17e siècle. Luly, Rameau…

Votre entrevue avec les Rolling Stones pendant le tournage de « Sympathie for the Devil » par Jean-Luc Godard reste un grand moment ?
JP.K.
 : Jean Luc savait que j’aimais cette musique. Comme il m’aimait bien et qu’on devait faire un autre film après qui s’appelait « Le journal d’un séducteur » et puis est arrivé mai 68 et le projet est tombé à l’eau. Je le regretterai toute ma vie… Pour me faire plaisir, allez savoir pourquoi, il m’a emmené à Londres en avion privé. Je n’avais aucun papier, il a réussi à me faire passer la douane. J’avais du shit bloqué derrière les oreilles. Je suis passé comme une lettre à la poste. J’ai assisté au début de l’enregistrement. Le chef op avait mis des gélatines de couleur sur les lampes. Une lampe a explosé, a mis le feu au plafond qui nous est tombé sur la gueule. On est sorti dans la rue. Les musiciens avec leurs instrument et l’équipe de tournage avec les bandes. Ça s’est terminé comme ça. Je ne savais pas que j’assistais à l’enregistrement d’une chanson phare des Stones. Au début, elle était très lente. Je crois que c’est Charlie Watts qui l’a accéléré. On me voit sous un piano avec un pantalon rose violet. Oui, à l’époque… J’ai pu parler un peu avec Mick Jagger. Les autres étaient sur leurs instruments. N’empêche que j’ai pris une bonne leçon de blues, de créativité. Personnellement, mon groupe préféré, c’est les Doors.

Et votre passage avec Jacques Higelin en compagnie de Louis Bertignac à l’autre guitare. Vous restez assez discret sur cet épisode.
JP.K. :
Oui… On ne s’entendait pas du tout, on s’engueulait tout le temps. Il m’a viré au moment de faire le disque. Il voulait absolument « Gypsies rock’n’roll band » qui était déjà écrite. Il avait même commencé à mettre des paroles dessus. Et effectivement Louis Bertignac était à l’autre guitare. Moi, je venais de New York où je suis resté 2 ans où j’étais devenu très copain avec les New York Dolls. On avait aussi jamé avec Bob Marley. Arrivé en France, j’ai laissé tomber la musique. Je me disais : je ne suis pas américain, c’est pas la peine. J’étais blindé de coke, d’acide et d’amphétamine. Je mettais tous les boutons à fond et ça énervait Jacques. Il sortait de scène, il nous laissait jouer. C’est une période que j’ai occulté, ça ne m’intéressait pas. On n’a rien sorti. Je suis resté 6 mois avec lui, on a bien tournée, mais je l’énervais.

Qui vous avait mis en relation ?
JP.K :
Je ne sais plus. Un jour je suis arrivé chez lui. J’ai joué de la guitare et il a trouvé que je me démerdais bien. Il avait besoin d’un guitariste pour la tournée et voilà. J’ai appris les morceaux. A l’époque je me démerdais. Après j’ai laissé tomber. Ce que j’aime dans la musique, c’est les voix. Tout le monde trouve que j’ai une voix. Il faut que je j’exploite ça de façon à chanter juste et à pouvoir exprimer quelque chose. Pas seulement brailler comme sur « La chanson hebdomadaire ».

Vous êtes amateur de vinyles ?
JP.K. :
Plus maintenant. Y’a 30 ans j’ai été cambriolé. J’avais accumulé depuis les années 50 un nombre incroyable de disques. Tout a été volé. J’ai laissé tomber. Je n’allais pas recommencer une telle collection. Maintenant, j’ai encore la platine, mais elle ne fonctionne plus. Ceci dit, je n’aime pas m’écouter : je changerai sans arrêt des paroles. Sur scène, c’est ce que je fais. Pour moi, c’est plus riche. Les mots, c’est un truc impressionniste. On avance par touche. Et puis d’un seul coup, on trouve mieux.

Après la date du Petit Bain, une tournée est programmée ?
JP.K. :
J’en ai envie. Un gars qui s’occupe des Fleshtones est intéressé m’a-t-on dit. Mais pour faire une tournée, il va falloir que un ou deux titres fonctionnent, si non personne ne me prendra. Il faut que ça passe en radio. J’aimerai avoir des choristes blacks, elles ont des voix exceptionnelles.

Le cinéma et la musique sont deux mondes hermétiques ?
JP. K. :
Assez oui. Je suis un touche à tout, c’est pour ça qu’on ne m’aime pas beaucoup dans le métier. Etre acteur, c’est bien, mais on n’est pas libre. On est conditionné par le scénario, par le metteur en scène, les autres acteurs, la production… Là je suis libre, je suis moi. J’ai fait ce que j’ai voulu pour ce disque.

Comment est né lé disque ?
JP.K. :
Amaury Blanchard (batteur du disque, ndlr) savait que j’avais composé des chansons. Il a rencontré Éric Parent lors d’un concert. Ils ont parlé de moi. Et un contact avec un producteur s’est enclenché. Un petit miracle qui date de deux ans maintenant. Et qui a pris du temps à se réaliser. Le temps de réunir tout le monde, etc. Enregistrer les bases en soit, n’a pas pris beaucoup de temps ; les musiciens sont très habiles, doués, sensibles. Des gens de très grande qualité. Comme Christophe, le bassiste qui a joué plus de 20 ans avec Paul Personne, François avec Bashung, etc. Quand on a des pointures comme ça… Simplement, je suis chiant pour la voix maintenant. J’ai refait un titre plus de 70 fois. Ce qui est important c’est le phrasé.

Vous ne jouez d’aucun instrument sur le disque ?
JP.K. :
Non je laisse ça aux spécialistes. Je ne joue plus depuis longtemps. A l’époque je jouais toujours défoncé. J’ai arrêté la défonce aussi. Je ne fume même plus de cigarettes : Un peu de vin le soir en mangeant…

Hervé Devallan
Méfistofélange (Deviation Records)
Le 12 Décembre 2022 @ Le Petit Bain (Paris)

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