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ALB : « Golden chains ? Les gens me demandent de qui est la reprise ! »
Derrière ALB se cache le projet solo de Clément Daquin. Aujourd’hui, propulsé sur le devant de la scène pop grâce à plusieurs titres placés sur les publicités Peugeot, ALB présente son second opus « Come out ! It’s beautiful ». L’occasion de rencontrer ce rémois qu’il faut absolument voir en live (le 20 mai à La Maroquinerie par exemple) où son show est impressionnant de maîtrise, d’efficacité et d’énergie.
Pourquoi s’appeler ALB ?
L’origine du nom est inintéressante et très compliquée. Je change de version tout le temps. En ce moment c’est ALB pour Amour Les Bains.
Pourquoi Clément Daquin se cache derrière un acronyme ?
Parce que ce n’est pas moi, mais mon projet musical et ses ramifications. C’est pour faire le distinguo entre ma personne et ma musique. Moi, je joue au sein d’ALB d’une certaine manière, même si j’écris, je compose et j’enregistre tout. Je suis au service de ce projet. Quand on est sur scène, ALB ce n’est pas moi, c’est aussi bien mon batteur que mes techniciens.
Au début ALB était un groupe, non ?
Au début en 2004, j’étais tout seul. Mais j’ai toujours eu envie de jouer dans un groupe, au moins sur scène. J’ai donc rapidement intégré des musiciens dans la structure qui s’appelait déjà ALB. Ils jouaient ce que j’avais déjà composé.
Et avant ALB, vous faisiez quoi ?
J’étais et je suis toujours designer. J’ai fais les Beaux Arts.
Aucun projet musical avant ALB ?
C’est mon premier projet et que je n’ai jamais arrêté et que je n’arrêterais jamais. Et si demain si je fais de la musique électronique en français, ça s’appellera ALB. Mais j’ai joué avec beaucoup d’amis de la scène rémoise. Avec Yuksek, ça fait 10 ans qu’on bosse ensemble. On avait un groupe : Klanguage. On s’est rencontré comme ça. Il s’appelait encore Ben Yuksek (son vrai nom est Pierre-Alexandre Busson, ndlr). Il voulait monter un groupe pop avec une chanteuse. Moi j’avais ALB. C’était en 2004. On a sorti un album en 2006, puis j’ai sorti mon premier opus en 2007, Yuksek le sien en 2008. Pareil avec les Bewitched Hands, on n’a jamais arrêté de travailler ensemble. On partage le même studio. Ils préparent leur 3ème album d’ailleurs…
Il y a une scène rémoise ?
Oui. Entre The Bewitched Hands, Yuksek, The Shoes, Brodinski… Et moi ! Et je ne parle que de ceux qui ont été médiatisés. Et ça déborde la tendance pop électro qui émerge en ce moment. Ça va du Folk au Métal en passant par le Reggae. Et pas que des groupes qui jouent dans leur garage. Des groupes conséquents voire qui ont un passé et qui continuent de tourner.
Et c’est un avantage d’être aussi prêt de Paris ?
Bien sûr ! J’ai les avantages de Paris sans les inconvénients. C’est à 40 minutes de la capitale. Cette proximité a peut-être aidé au développement rapide de la scène rémoise. Une extension de Paris en quelque sorte. Tout mon entourage professionnel est à Paris. A Reims, j’ai mon studio et mon appart. La gare est juste derrière. Au-delà d’une semaine à Paris je pète un plomb.
Le second disque vient de sortir. On note une vraie évolution. Une volonté de passer à autre chose ?
Déjà je suis passé au chant. Sur le premier je n’osais pas. Un copain de lycée qui chantait hyper bien a accepté de porter le projet. Avec le temps, j’ai pris confiance en moi. Mon bassiste est parti dans The Bewitched Hands. Mon chanteur voulait insuffler sa touche et moi je le dirigeais trop. Bref j’ai continué tout seul. Parce qu’au final ALB ça a toujours été ça. Après cet album est moins bricolé ; il a un côté plus sérieux. Et puis j’ai appris à jouer du piano.
Et maintenant vous êtes deux sur scène avec un Raphaël Jeanne à la batterie.
Oui et parfois un peu plus. Il y a aussi une version ALB avec cuivres et choristes. Un peu plus dense, plus prêt de l’album. Quand on est deux, les cuivres sont remplacés par des synthés. Avec les cuivres ça donne un côté majestueux. Masi c’est le même set. Une version luxe en quelque sorte.
Entre la version « luxe » et le duo, il y la place à une version groupe sur scène ?
Non, car ça serait un retour en arrière. La formule à quatre avec guitare, basse et batterie avait un côté très cliché. En revanche, j’ai toujours joué avec un batteur et cette formule est beaucoup plus proche de ma façon de travailler. Je suis maintenant avec un petit jeune, Raphaël Jeanne, qui non seulement est talentueux mais qui m’aide beaucoup sur le live qui connaît bien la programmation. Avant c’était Thomas Dupuis qui jouait sur les albums et qui est parti sur Woodkid. Je n’ai pas perdu au change même si Thomas reste exceptionnel.
Votre morceau « Whistper under the moonlight » accompagne la dernière pub de Peugeot. Ce genre de partenariat est désormais un passage obligé pour un artiste ?
Un passage obligé j’aimerais bien. C’est avant tout une chance. La chance d’avoir de très bons éditeurs qui ont cru en moi, qui ont investi sur mon premier EP, qui ont placé mes chansons sur des publicités assez esthétiques. Ce ne sont pas des marques de lessive quand même ! Peugeot, c’est un hasard. Ce sont eux qui sont venus vers moi pour la seconde pub. Il y a même une troisième pub non diffusée en France avec un autre morceau de l’album. On peut la voir en Afrique du Nord et en Colombie.
Ça se traduit en termes de vente ?
Parfois, Par exemple mon premier EP « Golden chains » auto produit s’est vendu à 25 000 exemplaires. Et bien 7 000 exemplaires ont été téléchargés en Angleterre. Ça ne peut être que la Pub. En revanche, l’impacte n’est violent et immédiat que si la vidéo est en même temps sur Youtube et les réseaux sociaux.
Ce que j’ai également remarqué c’est que tout le monde connait la chanson, mais peu font le rapprochement avec ALB. La pub permet de faire connaître le morceau mais pas forcément le projet. Sauf ceux qui cherchent un peu en shazamant. A tel point que, une fois sur deux, en concert quand on joue « Golden chains » (Pub de la 208 ndlr), les gens me demandent de qui est la reprise ? Ça ne peut pas être nous puisque c’est la chanson de la télé !!
La pub m’a surtout aidé financièrement. Sans elle, je n’aurais pas pu finir l’album aussi vite. Il ne serait pas encore sorti.
Comment naît une chanson comme « Whistper under the moonlight » ?
En vacances l’été dans un bungalow avec ma guitare. Je l’enregistre sur mon téléphone et la mélodie continue de me trotter dans la tête. Avant sur le 1er album dès que j’avais une idée je l’enregistrais et je la produisais. Je me retrouvais avec quelque chose qui n’était pas une chanson. Ici je termine la chanson avant d’enregistrer d’une traite au plus proche de la version finale. « Whistper under the moonlight » fait partie des 5 ou 6 derniers morceaux de l’album que j’ai enregistré avec ce processus contrairement à la première partie de l’opus. Maintenant je m’égare moins en studio. La petite anecdote sur cette chanson c’est sur le vol entre Moscou et Paris. J’étais en pleine tournée avec Yuksek. Je travaillais pas mal dans les avions entre deux concerts. Sur ce vol, j’ai trouvé une boucle que j’ai immédiatement enregistrée sur mon Mac en la chantant note par note. Mon voisin de siège était « surpris ». Et c’est cette version qui est sur l’album ! Il n’y a jamais eu de brouillon de « Whistper ».
Chanter en Français, vous y avez pensé ?
Peut-être, mais pas sur cette musique. Ça ne colle pas. Je ferais quelque chose de radicalement différent. Le français ce n’est pas la langue de la pop. Des gens comme Daho y arrivent : chapeau ! En anglais ça claque, ce sont des mots courts. J’écris en anglais. Je fais simplement relire mes textes. Pour l’enregistrement, je me suis fait aider par un anglais, le chanteur de Tristesse Contemporaine. Il m’a aidé sur la césure des expressions, les accentuations. Après je reste français… Mais je ne veux pas faire d’erreur.
Et l’anglais peut vous aider à tourner en Europe ?
En Europe oui. En Angleterre, je ne pense pas. Ils ont tout ce qui faut à la maison et ce n’est pas un territoire facile.
Tourner avec Yuksek, ça aide ?
Pour ALB non. En revanche personnellement j’ai acquis une grande expérience de la scène. On a fait 2 ou 3 fois le tour du monde. C’est énorme : Japon, Nouvelle Zélande, Australie, Chine, Etats Unis, Canada, Russie et toute l’Europe. Le public asiatique est différent, très attentif et explose à la fin du titre. C’est marrant.
Prochaines étapes ?
La promotion de l’album et des lives. Cet été pas énormément. On part quand même au Québec et on va faire quelques festivals. Ça commence sérieusement à la rentrée avec la sortie d’un deuxième single, puis Cabaret Vert, Rock en Seine, Elektricity avec Yuksek. J’ai hâte de retourner au Japon. Un pays que j’adore. Le disque va bientôt être distribué là-bas.
Propos recueillis par Hervé Devallan
ALB à La Maroquinerie le 20 mai à partir de 19h30
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