« Où bat le cœur du monde » de Philippe Hayat

Un bon livre est celui qui se clôt, mais ne se finit pas. Comme une note de musique qui laisse filer l’éternité. Les personnages vous habitent pour un moment encore. « Où bat de cœur du monde » appartient à cette famille, celle des livres dont on freine la lecture désespérément, pressentant que la dernière ligne sera un déchirement.

En 2019, on était passé à côté de cet excellent roman de Philippe Hayat. Le Livre de Poche et l’été ont eu raison de ce loupé. C’est donc aux douces et flamboyantes mélopées du jazz qui l’on part à Tunis et à New York au rythme des solos de Darius Zaken. Lui le juif blanc des quartiers pauvres de Tunis né avant-guerre est devenu l’icône mondiale du cool jazz. Ce livre nous entraîne davantage dans les bas-fonds que dans les beaux hôtels. L’histoire imaginée par Philippe Hayat a la bonne idée de fusionner fiction (le clarinettiste Darry Kid Zac) et les légendes du jazz comme Charlie Parker, Gil Evans, Miles Davis ou Billy Holiday. Des rencontres qui renforcent la crédibilité des autres personnages comme la mère et la femme de Darius. La construction du roman cadence aussi l’histoire débutant par un succès que l’on sait donc inévitable (le premier chapitre se déroule en 2015) puis oscillant entre les désespoirs de l’après-guerre à New York et l’enfance à Tunis encore terre coloniale. Va-t-il atteindre son rêve ?

« Où bat le cœur du monde » est non seulement un excellent roman, mais aussi une immersion dans plusieurs univers que l’on a tendance à oublier : la Tunisie coloniale et le New York populaire des années 50.

Hervé Devallan
« Où bat le cœur du monde » de Philippe Hayat au Livre de Poche – 426 p – 9.20€