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« Play it fuckin’ loud » de Thomas Meyer

C’est vrai ça ! Comment est-on passé de la pop au métal ? Comment la bleuette « Love me do » (1962) des Beatles a vrillé en « War Pigs (1970) de Black Sabbath ? Huit ans ont suffi pour que les enfants d’après-guerre quittent les amours juvéniles pour des combats anti militaristes, voire prennent partis pour les jets de pavés avec « Street fighting man » des Stones dès 1968.

C’est à cette question que Thomas Meyer tente de répondre dans « Play it funckin’ loud ». Et il y arrive ! Les étapes cruciales et décisives ne manquent pas : un matériel de plus en plus puissant (du Vox au Marshall pour la faire simple), une guerre qui n’en finit pas (celle du Vietnam), une jeunesse elle-même en rupture de ban (mai 68) et vous obtenez le bruit et la fureur de Black Sabbath, Led Zeppelin et Deep Purple. Toujours plus haut, toujours plus fort. Une direction qui a ensuite donné le hardcore, le black métal et autres sous divisions extrêmes.

Le plus étrange reste que ce mouvement ne connaît pas de frontières. En France, la place de la Nation est envahie et dévastée par 100 000 jeunes en juin 1963 venus assister au concert de Johnny Hallyday La presse adulte ne comprend pas le phénomène et n’a pas de plume assez acide pour condamner l’événement. Dans Le Figaro du 24 juin 1963, Philippe Bouvard écrit : « Quelle différence entre le twist de Vincennes et le discours d’Hitler au Reichstag ? ». Dans La Lettre de la Nation, Pierre Charpy jette un :« Salut les voyous ! »  Jusqu’à De Gaulle qui ne comprend pas ce qui ne passe en s’exclamant « Ces jeunes ont de l’énergie à revendre. Qu’on leur fasse construire des routes ! » Un an avant, il aurait envoyé tout le monde en Algérie !

Le livre ne s’arrête évidemment pas aux petites histoires françaises. De Woodstock à Altamont, Thomas Meyer fait la synthèse de cette phénoménale évolution qui aujourd’hui encore secoue nos croyances. Les guerres successives et nombreuses sont là pour nous le rappeler : la musique n’adoucit plus les mœurs.

Hervé Devallan
« Play it fuckin’ loud » de Thomas Meyer aux éditions Le Mot et le Reste – 540 pages – 31€

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