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Quétier : Dur à suivre… Vraiment ?
Loin des plateaux TV de 50 Minutes Inside et Danse avec les Stars, Sandrine Quétier endosse l’habit de rockeuse. Ce n’est pas sa première expérience dans le domaine, mais elle assume pour la première fois le rôle principal en présentant un disque sous son nom : Quétier. Un album rock qui n’oublie pas de danser. Rencontre avec l’artiste.
Quand Sandrine est devenue Quétier ?
Sandrine Quétier : Ça a été un long processus. J’ai toujours fait de la musique, toujours joué. J’ai eu plusieurs groupes. Pour les plus récents on peut citer Les Jokers avec qui on a tourné pendant une dizaine d’années. C’était un groupe de mashup, on était un peu déguisé, on a fait la tournée des Zénith et deux Olympia en première partie de Jean-Baptiste Guégan. Ensuite, j’ai rencontré les garçons de Molly Pepper et nous avons sorti un EP en 2022. Comme le projet patinait, le label ZRP m’a proposé de réaliser mon album solo sachant que j’avais très envie de collaborer avec un autre artiste du label : James Eleganz. Les ex Molly Pepper m’ont proposé des morceaux, j’ai pioché des choses à droite à gauche, j’ai co-écrit, composé et Quétier est née assez rapidement.
Quand exactement ?
S.Q. : En janvier 2023, le label me faisait la proposition et l’album a été enregistré en mai.
Les titres initialement prévus pour Molly Pepper ont servi de base au disque ?
S.Q. : Pas du tout. On est parti d’une page vierge. Nouvelles compos, nouveau projet. Et surtout, je voulais un album rock, mais éclectique comprenant à la fois des ambiances électro, des ballades, des choses plus atmosphériques, voire FM. Les morceaux qui devaient servir à Molly Pepper existent toujours. Peut-être qu’ils sortiront un jour !
Les anciens Molly Pepper participent à l’aventure Quétier ?
S.Q. : Oui, François Pavan a écrit trois titres. On suit toujours les carrières des uns et des autres. On est loin d’être fâché !
Quand vous écrivez, vous composez paroles et musique ?
S.Q. : Les deux mon capitaine. J’adore particulièrement trouver les mélodies et soigner les paroles. Je travaille beaucoup avec Yann « James Eleganz » et parfois toute seule.
Pour cet album, quels sont les musiciens ?
S.Q. : C’est essentiellement Yann qui a aussi réalisé l’album. On trouve également Goulven Hamel, un autre breton, et Gaétan Grandjean aux guitares, Bastien Bruneau-Larche qui a fait pas mal de lignes de basse, Stéphane Voisin à la batterie, Maëva aux chœurs…. Plein de monde !
Où a été enregistré « Hard to follow » ?
S.Q. : Au Disco Casino à Rennes pour les instruments avec Paul-Edouard Laurendeau et Michaël Declerck qui sont les ingés son. Les voix ont été captées à côté de Niort, au Paraphernalia Studios. Une maison de maître au milieu des champs avec un studio ouvert. Ensuite, on l’a mixé à Bruxelles le disque a été masterisé par Chab.
Pourquoi avoir changé de studio pour les voix ?
S.Q. : J’avais envie d’un espace ouvert. Quelque chose qui ne soit pas une cabine. J’ai enregistré un titre à 5h du matin au lever du jour… On s’est servi de la nature pour donner une impulsion au chant !
Enregistrer à 5h du matin apporte quoi ?
S.Q. : Une voix un peu piquée. Ce que je cherchais pour une chanson très intimiste qui parle de la mort de mon père. Cette voix engourdie, assez dense, rendait bien. Pendant l’enregistrement, on a entendu le chant d’un paon… Qu’on a gardé sur le morceau !
Qui joue la ligne de basse sur « Shoot again » ?
S.Q. : C’est Bastien. Sur scène c’est Sabine qui va m’accompagner à la basse. Une super nana, une petite blondinette qui envoie !
Sur scène, les morceaux sont plus sauvages ?
S.Q. : Oui ! Car forcément moins produits. Plus nerveux on va dire. Mais, on n’a pas pour autant changé radicalement les morceaux.
Dans votre agenda, arrivez-vous à marier musique, comédie et écriture ?
S.Q. : Très bien. En ce moment, c’est effectivement l’album qui m’occupe le plus. Mais, je suis une hyper active, j’ai toujours fait beaucoup de choses en parallèle. Il est vrai qu’en ce moment (début mars 2024, ndlr), je suis en fin de tournée de théâtre. Il reste quelques dates en province… Chanter, c’est toujours ce que j’ai voulu faire. A tel point qu’on a déjà composé pour un futur album !
Des titres qui seront joués en live ?
S.Q. : Exactement. Peut-être pas lors du concert du 28 mars où on présente l’album. Mais par la suite oui.
Votre carrière d’animatrice à la télé vous aide pour la scène ?
S.Q. : Pas du tout ! C’est très paradoxal. J’entends souvent dire : « cette nana fait de la TV, de la chanson, de la comédie… » Et bien oui, les trois ! Et en plus, je le fais avec sérieux. Bref, on vous colle une image qui n’est pas forcément un atout. D’autant que la musique que je joue, c’est du rock, et on ne s’attend pas à ça. C’est plutôt une bonne surprise. Ce qui est rigolo, c’est qu’on tourne déjà sur certaines play lists à l’étranger. Là, les gens ne me connaissent pas. Ils ne jugent que la musique. J’ai un super bon retour aux États-Unis sur les premiers singles.
La Télé n’ouvre aucune porte ?
S.Q. : La télé ouvre des portes. Je serais peut-être reçue plus facilement, en revanche avec moins de sérieux. On va penser : ah oui, elle fait encore son truc ! Ce qui est génial, c’est de voir la réaction des gens de télé quand ils viennent me voir sur scène : ah oui, quand même !
Vous pensiez déjà à la musique lors de votre carrière TV ?
S.Q. : J’en faisais déjà en parallèle avec Les Jokers, depuis 2008. Le problème, c’est que c’est un métier très prenant, donc je n’en faisais pas assez.
Qui jouait dans les Jokers ?
S.Q. : Santi de la Mano Negra ! Et deux autres garçons avec qui je bossais. On a bien tourné. Ça m’a apporté une certaine aisance sur scène. Une présence complétement différente de celle du théâtre. Avec Molly Pepper on a aussi fait de belles scènes, notamment en première partie de Trust à l’Olympia.
Qu’est-ce qui vous pousse à faire de la musique ?
S.Q. : C’est un truc de gamine. C’est quelque chose de merveilleux pour procurer des émotions, pour prendre la parole en public sur des sujets précis, faire voyager les gens…
Le théâtre ne suffit pas ?
S.Q. : Non. Au théâtre, la partition est déjà écrite, même si on peut l’interpréter de 1000 manières…. Mais c’est parlé. Le théâtre, c’est une concentration, il y a une certaine intériorité du corps. On ne gesticule pas dans tous les sens. Il y a des placements à respecter. Sur un concert, on fait comme on le sent, au moment où on le sent. Mais les deux sont intéressants.
Et l’expérience télé est utile pour la scène ?
S.Q : Non. A la télé on ne bouge pas. On ne dépasse pas la croix blanche au sol. La télé est très verticale, il ne faut surtout pas faire de grands gestes. Tout le contraire de la musique où on doit occuper l’espace. De même, à la télé, ne nous voilons pas la face, on vend un produit. Quand je suis sur scène, c’est moi que « je vends ». Et ça change tout !
Quelles sont vos influences musicales ?
S.Q. : J’ai démarré avec ma sœur qui m’a fait écouter les Beatles quand j’avais une dizaine d’années. Du côté des parents, c’était très jazz : George Benson, qui a été mon premier concert, j’avais 11 ans. Moi, très rapidement, je suis tombée dans la pop rock anglaise avec Depeche Mode pour commencer. Et puis sont arrivés les Cure et leur album « Pornography » qui a été une révélation. S’est enchaînée une période post punk avec Clach. Parallèlement, j’ai découvert Michaël Jackson, Prince, Bowie… Et des groupes comme Blur et Oasis. Et je n’oublie pas toutes ces filles qui font du rock : PJ Harvey, Blondie, Patti Smith, Pat Benatar, Kim Wilde… Kim Wilde qui reste très sous-cotée. Voilà, c’est un joyeux mélange que j’ai nourri avec du jazz et de la musique urbaine.
Très anglo-saxon !
S.Q. : Non, non. Je pourrais citer les Rita Mitsouko, Bashung, Etienne Daho… Mais spontanément, le rock anglais et américain, c’est ce que j’écoutais quand j’étais gamine. En ce moment, ce sont les Selecter, je pense que ça va influencer mon prochain album.
Vous continuez à écouter tous ces groupes ?
S.Q. : Je vais voir Depeche Mode ! J’écoute toujours Cure et je continue à en suivre d’autres comme Muse. J’ai écouté leurs deux premiers albums, un peu moins les autres. Je vais essayer d’aller voir Kings of Lyon qui passe à Londres… Et Shaka Ponk, mon grand coup de cœur français. Je vais tout faire pour aller les voir en novembre à Bercy.
Propos recueillis par Hervé Devallan
« Hard to follow » (ZRP), sortie le 29 mars
Quétier sur scène le 28 mars 2024 au We Are à Paris