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The Rolling Stones à l’U Arena le 19 octobre 2017
Inaugurer une salle n’est pas donné à tout le monde. L’inaugurer avec les Rolling Stones marque la grande histoire du rock. Ce fut le cas jeudi 19 octobre 2017.
Au pied de La Défense, le jeu de lumières de l’U Arena ferait presque de l’ombre à l’imposante tour de la Société Générale qu’on snobe sur la gauche en venant du Parvis. Comme disent les hommes du digital, le « parcours client » est une réussite lorsqu’on progresse entre l’Arche et la Géode. Mais c’est cette élégante masse lumineuse qui nous attire sans nous agresser. Et on a le temps de l’admirer avec les nombreux contrôles sécurités ! Pour les concerts du 20 et du 25, prenez un peu d’avance !
Qu’importe, on est dans la place. Première impression : l‘U Arena c’est Bercy en plus grand. 40 000 places quand même dans la configuration concert poussé au max ! Seconde impression : les Stones ont le don de pourrir le son de leurs premières parties ! Cage The Elephant en a fait les frais, malgré un bon accueil du public. Les lumières inondent de nouveau l’arène et en attendant les Stones, et bien placé dans les gradins, notre œil se balade sur la pelouse. On se souvient alors que ce qu’on appelait la fosse (dans l’temps !) était généralement remplie au pas de charge par les premiers fans. Aujourd’hui, on parle de pelouse et les espaces sont bien limités avec une première catégorie au pied de la scène qu’une centaine de privilégiés ont droit de fouler. Ensuite, viennent d’autres chanceux enroulant l’avant scène qui perce le cœur de l’Arena. Après on s’éloigne avec deux espaces en forme de triangle sur les coté et un nouvel enclos loin derrière. On a l’impression que chaque catégorie définit la ségrégation par l’argent. Bon on est à La Défense ceci dit. Et on ne parle pas des loges… L’U Arena est bien dans son époque.
Côté génération, elles sont toutes représentées. Des quadra managers en costard cravates (ils sont peut-être même directeurs ou le deviendront sûrement !) aux grands parents (attention au T-Shirt jaune avec la langue tombant sur la bedaine et le pantalon en tergal…), en passant par les ados en recherche d’authenticité, tout le monde est venu ! Et l’ambiance est bon enfant. 9h tapantes, et le riff de « Sympathy for the Devil » résonne dans un fracas de lumière rouge. Le temps à Charly Watts de s’installer derrière les fûts sur fond de rythmes électronique (bizarre…) et le show démarre ! Depuis leur premier Olympia il y a 53 ans, ils sont en France chez eux. Ce que confirme Mick Jagger dans un français parfait à grand renfort d’expression djeunes (« Je vous kif », « Wesh »…), d’humour (« On avait pas la danse des canards ») et d’une connaissance de notre petit microcosme politique en parlant de Mélenchon, Le Pen et Macron. Les 3 ont été hués, Macron, un peu moins peut-être…
Rapidement, on se rend compte que les papys du rock sont en forme et peuvent en remontrer à beaucoup. Certes, les morceaux sont peut-être un peu plus lents (quoi que), mais la recette reste inchangée : Mick Jagger parcourant pendant plus de deux heures la scène en long en large et en travers (et davantage avec l’avancée centrale), haranguant la foule, pendant que l’arthrose de Keith Richards laisse tranquille ses riffs impeccables (pas si fort !) et que Ron Wood s’extirpe toujours de ses solos parfois incertains : Et Charlie Watts de sourire comme un gamin. Et l’empathie semble aller dans les deux sens puisque Darryl Jones a même eu droit à un long solo de basse sur un « Miss You » d’anthologie qui fit danser tout l’U-Arena. Et que dire de la voix de la choriste Sasha Allen sur « Gimme Shelter » lors du rappel qui fait oublier Lisa Fisher qui la précéda pendant plus de 20 ans. Bref, les Rolling Stones ont été égaux à eux même (GRAND !!), Mick Jagger ayant même fini par jeter son T-Shirt dans la foule. Et comme tous les tubes – ou presque – ont été interprétés… What’else ? Même les deux morceaux de Keith Richards sont passés comme une lettre à la poste. C’est pour dire.
Set list du 19 octobre 2017 à L’U Arena