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Paul Personne : « Un groupe, c’est une euphorie adolescente »

paul personneOn the road again pour Paul Personne et son groupe A l’Ouest. Le cycle de la vie de bluesman est ainsi faite : compo, disque, promo, scène. Après la sortie de « Puzzle 14 » son troisième album avec le trio normand, le rockeur d’Argenteuil revient sur cet étonnant instinct grégaire qui l’uni à ses potes même quand il est le Boss. Depuis Bracos Band, il en est ainsi, Paul Personne aime les autres, mais faut pas l’emmerder. Explications. 

« Puzzle » est le troisième album avec le groupe A l’Ouest. Paul Personne revient à l’instinct grégaire de ses premières amours ?
Paul Personne : C’est toujours ce que j’ai cherché en même temps. Même si j’ai un côté solitaire et que je me retrouve  souvent seul devant la page blanche, j’ai été élevé aux groupes quand j’étais môme : les Beatles, les Stones, les Kinks, les Animals… J’aimais bien aussi certaines individualités comme Hendrix ou Dylan. Mais eux aussi cherchaient cette interactivité, cette complémentarité entre les gens avec l’Experience pour Jimi ou le Band de Dylan. C’est cette attirance pour le groupe qui explique que je n’ai jamais construit de vrai Home Studio chez moi par exemple. Tout seul avec moi-même je m’emmerde vite. Ça ne m’intéresse pas !
Mais c’est vrai que dans les années 60 et 70, j’ai fait de la musique dans des groupes dont j’étais plus ou moins le leader. Bracos Band, Backstage, etc. Paul Personne est né en 1981. Un groupe c’est momentané, c’est une euphorie adolescente. Après l’élan de départ, les personnalités se révèlent et il y a des problèmes. Chacun tire la couverture à lui. Un groupe ce n’est pas fait pour durer. A part si on s’appelle les Stones et que ça devient une grande entreprise. Ce qui n’empêche pas des problèmes d’amitiés d’ailleurs !

Paul Personne est né de cette difficulté de poursuivre en groupe ?
Pour mon premier album sous le nom de Paul Personne en 1981, j’ai repris des potes qui étaient avec moi dans Bracos Band et dans Backstage. La différence, c’est que je leur ai dit : « Les gars je viens de signer un contrat, je vais faire un disque, ça vous tente de jouer avec moi ? ». J’ai fait un casting de potes, mais pas un groupe. J’étais « Le Boss ». C’était mes chansons, mon truc. Ça n’empêche pas le le partage, les idées, les conseils… Mais si un mec me faisait chier, je pouvais lui dire : « Ecoute vieux, si ça te plait pas, tu peux dégager ! ».


Et c’est arrivé ?
Je me rappelle d’un sax américain qui était super, mais qui était un putain d’alcoolo. Il avait besoin de sa bouteille de cognac dès le matin. Quand on était en camionnette, il cherchait une épicerie, on s’arrêtait sur le bord de la route et on le voyait ressortir avec sa bouteille de Cognac emballée dans un sac en papier comme le font les ricains. Le mec était génial, mais deux fois sur dix seulement. En revanche, il avait un putain de son. Oui, il y a eu comme ça des coups de gueule. Je n’ai jamais voulu me faire emmerder.

Et avant A l’Ouest, tu n’as jamais ressenti l’envie d’avoir ton Band ?
Si, si ! Je me souviens qu’à l’époque du premier album de Paul Personne, on était assis à la fontaine des Innocents aux Halles à Paris. On se faisait une pause bière / casse-dalle. En voyant la fontaine j’ai pensé tout haut : « Ok les mecs, on va s’appeler Paul Personne et les Innocents ». Et là quelqu’un qui me dit que ça existait déjà ! A l’époque JP et Jean-Christophe était à peine connu ! J’avais envi de cette bande de pote autour de moi comme Tom Petty and the Heartbreakers, Bruce Springsteen and the E-Street Band, John Mayall and the Bluesbreakers.
Et puis je me souviens de la période 2003 – 2007, sur les tournées avec mon fils Jérémie à la guitare. Ensemble dans le tour bus, avec les potes, on refaisait le monde toute la nuit. Pour dire qu’avec A l’Ouest, c’est la suite logique de l’histoire.

paul personne_A l'ouestVous vous connaissez depuis longtemps avec A l’Ouest ?
Les deux frangins, Tony et Nicolas Béllanger, guitariste et bassiste, je les connais depuis qu’ils sont mômes, au début de leur adolescence. Ils habitent à 20 minutes de chez moi en Normandie. Ils étaient assez fans de ce que je faisais, j’allais les voir de temps en temps en répétition, je tapais le bœuf avec eux, Comme ça tournait bien, ils ont fait quelques unes de mes premières parties, au Bataclan notamment. A l’époque ils n’étaient que tous les deux. C’est ensuite qu’est arrivé Brice à la batterie. C’était il y a 3 ans de ça. Un jour, je suis passé chez eux et je leur ai dit : « Ecoutez les mecs, j’ai plein de titres, j’aimerais bien les jouer avec des êtres humains arrêter de faire mes démos sur mon 8 pistes. » Je voulais partir comme avant : je lance une suite d’accords, deux trois idées, et on voit ce qui se passe. C’est parti comme ça avec A l’Ouest. On a fait les deux disques « Face A » et « Face B » et on a tourné pendant deux ans.


Du coup pour Puzzle, ça s’est fait naturellement ?
Ça s’est fait dans la foulé, à la fin de la tournée 2013. Les chansons « Un peu jaloux » et « Une journée » ont été enregistrées en juin en deux prises maximums. Je sentais la fin de la tournée arriver et je voulais profiter de la complicité et de l’énergie de ces deux années sur la route. Les deux frangins avaient aménagé leur grange « à la Harvest » en la transformant en studio. Vraiment sympa. Tellement sympa que j’ai participé sur la fin en le complétant avec du matériel. Quand on s’est retrouvé prêts à enregistrer, tout a été très vite. J’avais le potentiel d’une soixantaine de chansons. A force d’élimination, on est arrivé à une vingtaine de titres. On a fait un break, j’ai écrits les textes et on a commencé à faire le trie. Comme ils habitent à côté, dès que j’avais fini texte, on pouvait l’enregistrer dans l’après midi.

Qu’est-ce qui a changé par rapport aux deux albums précédents ?
Les frangins ont fait beaucoup plus de chœurs et Tony a fait des solos. On entend bien que Tony est sur l’enceinte de droite et moi sur la gauche. Je voulais vraiment qu’il y ait ce côté Band. D’ailleurs, la fin d’ « Il y a » est complètement improvisée avec ce côté ping pong entre les guitares. Pour les claviers, on s’est démerdé. J’ai plaqué des accords que j’ai voulus discrets pour que ça manque pas sur scène. On a prémixé en studio avec Nico qui est également ingé son. Pour le mix final, j’ai fait appel à Fred Blanc Garin avec qui j’ai bossé sur beaucoup d’albums et qui était ingé son façade sur la dernière tournée. Bref, il connaissait tout le monde ! Il savait comment ça jouait.

ThiefainePersonneIl y a donc toujours cet esprit famille chez toi. Ton disque avec Hubert-Félix Thiéfaine est né comme ça ?
Avec Hubert on se connaissait depuis longtemps. On se croisait ici et là sur différentes scènes ; on tapait le bœuf ensemble. Et puis il m’avait écrit deux textes sur « Patchwork électrique » : « La beauté du blues » et « Exit on Eden ». On a passé de belles soirées chez lui dans le Jura. On n’a pas la même personnalité, mais on est des mecs de la tangente : nos vies se passent sur la route, on nous entend pas beaucoup à la radio, on nous voit pas beaucoup à la télé… On a ces vies rock’n’roll un peu similaires. On était amené à se rencontrer.
C’est Johnny Hallyday qui nous a en fin de compte permis de faire ce disque. Depuis longtemps, Johnny me demandait de lui écrire des chansons blues, un peu Stones. Et puis quand il a voulu faire son disque de blues, je suis contacté par Warner qui me propose d’écrire. J’ai toujours des titres en chantier donc pas de problème !  Au bout d’un moment, je leur présente sept ou huit chansons. Parallèlement, ils avaient demandé à plein d’auteurs d’écrire des textes. Et un jour Hubert m’appelle et me dit : « Je viens de recevoir une de tes musiques et on me demande de poser un texte dessus ! » Il en a reçu une deuxième et je suis passé le voir. C’était cool…. A part qu’on pas été reçu au concours Johnny Hallyday ! On a été recalé (rire). Pout quelle raison ? Je ne sais pas. Je ne sais même pas si Johnny les a entendues les chansons. De là, Hubert me rappelle et me dit : « Paul, on s’était dit qu’un jour on ferait un disque ensemble. Pourquoi pas maintenant ? » La j’ai repris ma voiture, pleins de CD avec des chansons dessus, j’ai tracé la route et on a passé 3 jours chez lui. On a fait le disque dans la foulée. On voulait que ça aille vite. On avait chacun nos vies et nos personnalités. On a fait 18 dates dont l’Olympia. C’était cool.


paukl personne johnny eddy

Demain tu le referais avec d’autres musiciens ?
Pourquoi pas ! Avec un mec comme Louis Bertignac par exemple. Jean-Louis Aubert m’a également branché sur le sujet. Et à la fin il y a Richard Kolinka et ça s’appelle les New Téléphone ! Non, je plaisante ! Par principe, j’aime bien jouer avec les autres : Johnny, Eddy, Véronique Sanson, Jacques Higelin… Tous mes potes ! Maintenant, je sais que j’ai mon histoire à écrire de mon côté. En revanche, être en guest avec d’autres ça me plait aussi ! Masi ça ne peut être qu’une récréation.

Depuis tes débuts dans les années 70, qu’est ce qui a fondamentalement changé ?
Ce qui a changé c’est ma rencontre avec le public. Car ma façon de composer – elle – n’a pas bougée ! C’est au début des années 90 que ça a bien fonctionné pour moi avec « Comme à la maison », mon premier disque d’or en 1992 alors que j’avais tout enregistré seul à Aix en Provence avec un ingé son. J’ai même hésité avant de le sortir. C’est Polydor qui m’a convaincu. Pour moi, c’était ma maquette qui était en vente dans le commerce. Après ça s’est enchaîné. Moi qui n’avais jamais fait de concession, ça finissait par payer ! Le public venait me voir pour mes chansons, pour ma manière de jouer de la guitare, pas pour des reprises de blues !  En revanche, je ne suis pas ce qu’on appelle un chanteur populaire. Je n’ai jamais cherché à l’être d’ailleurs, à écrire des chansons que tout le monde danse un soir de communion. En revanche, depuis Bracos Band, je fais mon « métier » de la même façon. Je me considère comme un artisan un peu amateur. Ça fait maintenant plusieurs années que la musique me permet de gagner ma vie. Je ne suis pas super riche, mais je n’aurais pas pensé ça au début quand je ramais ! En revanche, ce qui a changé, c’est le côté aventureux de la musique. Il n’existe plus beaucoup de nos jours…

Propos recueillis par Hervé Devallan

paul personne puzzle 14 pochettePaul Personne sera à l’Olympia le 20 janvier 2015
Toutes les dates : http://www.paulpersonne.com/

Chronique de « Puzzle 14 »

 

 

Johnny / Eddy / Paul Personne / Nono Krief


Personne / Bertignac / Garou


Personne / Bertignac / Sanson


Personne / Aubert


Paul Personne


 

One thought on “Paul Personne : « Un groupe, c’est une euphorie adolescente »”

  1. HERVIEUX dit :

    Excellent article; Polo toujours aussi modeste, un parcours de combattant, tenace, très communicatif avec son public par le biais de sa musique. Merci Polo pour tes nombreuses soirées passées en ta compagnie ( la der à Nantes); dès les premières notes de ta guitare c’est délirant. Continues, tu as une grande richesse, la persévérance.
    Bravo à toi
    Guenièvre

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