Boris Maurussane « Social kaleidoscope »

Peu d’albums s’arrogent le droit de bousculer nos habitudes sans nous effrayer. Le disque de Boris Maurussane s’invite au ballet des pépites intemporelles.

Oui, « Social Keleidoscope » est bien un album sorti en 2022. Ce premier disque de Boris Maurussane aurait pu naître à la fin des années 70, alors que le psychédélique devenait adulte et se rêvait pop surréaliste. On pense à Lee Hazlewood, Robert Wyatt ou encore Caravan. C’est à la fois soigné et étrangement barré, accessible et si loin des livraisons contemporaines. Il faut se refaire une virginité pour oser aborder ce disque en toute tranquillité. Car non content de nous emporter dans une autre époque (un autre monde ?), Boris Maurussane s’amuse à nous perdre dans les dédales de Sao Paulo. Ce qui nous guide dans la bonne direction, c’est une présence rythmique sans faille et des airs jazzy qui donnent à l’ensemble de ce disque une colonne vertébrale presque organique, essentielle et mélodique. Et finalement, on se plait à cette demi absence de repère. C’est même une prouesse qu’on finit par admirer et réclamer. Comme Stereolab ? La direction est indiquée, mais l’artiste y ajoute ses propres fantaisies avec épinette, trompette, hautbois, basson, cor, cordes…  Le tout arrangé par de nombreux instrumentistes issus de la musique baroque et classique ainsi qu’à la pianiste de jazz Sandrine Marchetti. On comprend cette fêlure permanente entre deux mondes et pour finir, une cassure nette et salutaire avec nos habitudes souvent trop faciles. On en convient.

Hervé Devallan
Boris Maurussane « Social kaleidoscope » (Hot Puma) – 4/5