Clarys « De là »

On salue cette œuvre blues et rock de Clarys. Un disque aussi indispensable que mature qui rassure sur l’état du rock en France.

Il est rare de tomber sur un vrai et bel univers. Un monde artistique à part entière qui ne singe pas ses aînés sans pour autant faire abstraction d’influences majeures entre blues et rock. On parlerait de chanson si ce terme n’était pas connoté variété ou trentenaire désabusé. Là, tant la personnalité de ce troisième album est forte, on pense à un Bashung. Immédiatement. Ou dans un style beaucoup moins nosy au dernier Laétitia Shériff. Mais en naviguant dans deux mondes parallèles, la qualité d’une production en commun. Il faut dire que pour ce nouvel opus, l’artiste s’est associé à Boris Boulbil pour la réalisation (Dominique A, Playing Carver…). Si chaque titre a sa propre noirceur, l’album trouve naturellement un sens et raconte son histoire d’une moiteur contagieuse. En France, il est donc possible de se débarrasser d’une culture RTL pour donner naissance à un rock teinté de blues avec l’évidence qu’il ne peut en être autrement. Sa vois railleuse n’en faisant pas des tonnes ; et la participation de Peter Milton de The Apartments au monologue pertinent sur « Un moment sans répondre » donnant une autre dimension à son œuvre. Car elle sait aussi s’effacer comme le montre le dernier morceau instrumental « Memento Mori ». Bref un album indispensable qu’il soit CD ou vinyle.

Hervé Devallan
Clarys « De là » (Accompagnement Microcultures / Kuroneko) – 4/5