Féroces « Joséphine »

Musique pour des films déjà tournés. Le dernier disque de Féroces combine dialogues de longs métrages français et musique originale signée du groupe de Besançon. Un exercice réussi.

La musique fait son cinéma. Et avec le troisième opus de Féroces, on est au cœur de l’affaire. Si le procédé n’est pas nouveau (poser des dialogues de films sur une musique pop rock), les 6 titres de « Joséphine » nous embarquent sans trop de difficultés vers un monde sépia où la pellicule argentique avait encore droit de cité. Dès la pochette, le ton est donné avec une photo d’Alice Isaaz qui prête son image et donne à rêver. Un procédé déjà utilisé sur les deux précédents opus où l’on retrouvait Anna Karina et Patrick Dewaere en Une des vinyles précédents. Toujours dans cette même quête, le disque s’appelle « Joséphine » qui fait suite à « Juliette » et « Victor ». Pourquoi ? En référence au film « Espèces menacées » de Gilles Bourdos dont le rôle principal de Joséphine est justement tenu par Alice Isaaz. Tout se tient, rien ne se perd, mais tout se transforme. Les six titres envoûtent des extraits de dialogues de films français. Dans une atmosphère toujours sombre, les guitares de Jérôme Josselin tentent les fondus enchaînés musicaux tout en réserve ou en force selon la tension des paroles. François Schauber (batterie) et Sébastien Descamps (basse et claviers) complétant le trio bisontin. Et des extraits « Je t’aimais » de Zabou Breitman où l’on reconnait Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze sur le premier titre aux derniers dialogues du très sombre « A chacun son petit tunnel » où l’on retrouve des textes du film « Seul contre tous », la vie et la mort défilent comme un long traveling. Dans une atmosphère très aérienne (on pense à Pink Floyd), il faut être en forme moralement pour s’en sortir indemne. Mais l’originalité du disque est à ce prix.

Hervé Devallan
Féroces « Joséphine » (Mediapop Records) – 3/5