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Jay and the Cooks « Le cœur sec »
On pense à Patrick Verbeke ou Benoît Blue Boy. La différence ? Jay est américain pur jus. Pourtant, il chante en français lui aussi.
Tout a un sens. A commencer par la petite cuisine blues folk de Jay. Ne fut-il pas derrière les fourneaux chez Ernest à Cannes pendant des années entre 1980 et 1999 ? Désormais installé en Seine Saint Denis, près des Puces, l’américain Jay Ryan fait parler de lui en revenant à ses premières amours : la musique. L’ancien bassiste n’a pas choisi la facilité en chantant en français une musique typiquement américaine. Et ici, la country emprunte la ligne 13 comme un bateau à roue remonte le Mississippi. Ça sonne juste. Son délicieux accent faisant le reste. Un accent qu’il ne perdra sûrement jamais, lui qui tournait déjà dans les années 70 à Chicago, Austin puis New York au cœur des années CBGB. Depuis 2013, Jay and the Cooks sillonne à nouveau les scènes et retrouve les bacs avec ce quatrième album. On y parle toujours un peu cuisine mais souvent dans des saloons imaginaires. Les cafés de Saint Denis ne sont jamais loin ! C’est sûrement cette confrontation de deux mondes qui rend cet album si attachant. Le discours de la langue française inadaptée à la musique américaine vole en éclat. Car ici, les racines du blues sont profondes et le français y puise une source de jouvence. Même lors de cette surprenante reprise de Serge Gainsbourg « Je suis venu te dire que je m’en vais ». Comme quoi, les frontières sont avant tout une passerelle vers l’imaginaire.
Hervé Devallan
Jay and the Cooks « Le cœur sec » (Juste une Trace) – 4/5