Manu Katché « The Scope »

« The scope » prend le temps. Dans un monde qui voit jaune, Manu Katché nous propose une vraie pose pour mieux repartir.

Le talent ne s’oublie pas. Alors, un jour où l’autre, l’artiste arrive en extraire le jus nécessaire à un magnifique rendez-vous. C’est le cas avec ce nouvel album du batteur de Saint-Maur-des-Fossés (94). « The Scope » groove et swing à la fois. L’album nous charme autant qu’il nous prend et nous bouscule. De la vraie musique entre jazz et… jazz à vrai dire. En s’appropriant des sonorités très contemporaines, l’ex animateur de la Nouvelle Star a réussi à nouer certains accords imparfaits (électro, trip hop, hip hop…) pour donner naissance à ses propres accords et poursuivre son voyage intérieur. Aidé et accompagné de Jérôme Regard à la basse, Patrick Manouguian à la guitare et du pianiste Elvin Galland (qui réalise aussi l’album), Manu Katché a aussi trouvé la voie de ses ancêtres : les Antilles. Sur certains morceaux le vaudou hante encore ! Ce que l’on note également, c’est cette maîtrise des studios. L’école de sa vie est ici, entre console, micro et caisse claire. Doit-on rappeler qu’il a travaillé avec Peter Gabriel, Joni Mitchell, Sting, Dire Straits, Tears for Fears, The Christians, Robbie Robertson, les Bee Gees, Tori Amos, Tracy Chapman, Youssou N’Dour, Pino Danielle, Simple Minds, Joe Satriani, Richard Wright et certaines gloires presque nationales comme Véronique Sanson, Francis Cabrel, Laurent Voulzy, Stephan Eicher ou encore Michel Petrucciani. « The Scope » n’est pas une synthèse de ces expériences, mais une simple photo à date de son lumineux talent. Et cette date-là, on la retient, parce qu’on va pouvoir en parler pendant un bon moment !

Hervé Devallan
Manu Katché « The Scope » (Anteprima) – 4/5