Aline « La vie électrique »

Leur producteur a beau être anglais, le second album des parisiens sonne très français. Une qualité qui marie exigence et savoir-faire pour un résultat qui ne craint pas la comparaison.

L’exercice de la pop française impose ses codes et ses maîtres. Aline ne le sait que trop après son premier album réussit que d’aucun comparaît à Gamine. Le toujours très périlleux (les poncifs ont le cuir dure) second rendez-vous s’émancipe de cette tutelle bordelaise, tout en tutoyant d’autres dandys adoubés. Dès le second titre « Les résonances cachées », c’est Etienne Daho qui s’invite dans ce grand bal de la comparaison avec une voix chaude, traînante et entraînante sur un rythme plutôt rapide et une mélopée qui mérite au moins un single. Laissant vagabonder ses guitares et ses claviers au cœur des années 80, Aline s’aventure aussi au pays de Police. « Plus noir encore » rappelle outrageusement le « Regatta de blanc » du trio anglais cher à Henri Padovani. Daho, Police… Et Les Innocents bien sûr, au moins par une sortie d’album concomitante (à quelques mois près) et un réflexe pavlovien dès que l’on parle pop en France. Alors qu’en est-il ? Fort est de constater qu’Aline soutient et parfois revendique la filiation. A ce titre, « Une vie » coule de source. En 10 titres (13 dans l’édition vinyle) sans oublier l’excellent morceau caché « Mon Dieu, mes amis », les parisiens disposent d’un album redoutablement efficace et bien enlevé pour animer cette rentrée 2015. Il faut dire qu’ils sont partis enregistrer avec Stephen Street, le célèbre producteur des Smiths, Morrissey ou encore Blur et récemment les Babyshambles. Une rencontre espérée qui tient toutes ses promesses, même dans le presque punk « Promis juré craché » qui tangue entre les Buzzcocks et… le Plastic Bertrand de « ça place pour moi« . Etonnant non ?

Hervé Devallan
Aline « La vie électrique » – (PIAS) – 3,5/5
Sortie de l’album : 28 août