Actu
Anthologie 1956-1960 du rock fifties en français
Ce qui est étonnant, c’est que dès 1956, les québécois prennent le rock au sérieux. Oui, cette compilation de 75 joyaux va au-delà du témoignage nostalgique et franchouillard 50’s en incluant un troisième CD entièrement consacré aux groupes de rock de la belle province.
Le premier album illustre de façon éclatante que nos jazzmen parisiens intellectualisent et se foutent carrément de cette nouvelle musique du haut de leur snobisme de caveaux germanopratins. Paradoxal, surtout pour Boris Vian. Mais n’allons pas cracher sur sa tombe. A côté de ces ersatz binaires, d’autres artistes distillent dans leur répertoires de chanson française, quelques pépites pseudo rock (Edith Piaf « L’homme à la moto » ou Line Renaud « C’est toi baby ») ou terriblement inspirés des Etats Unis (Danyel Gérard, Richard Anthony…). Fin du CD 2. Deux opus qui à eux seuls méritent l’achat de cette compilation comme un témoignage peu glorieux de notre supériorité. Mais là où elle devient indispensable, c’est avec une troisième galette entièrement consacrée à nos cousins canadiens. Là, on tient le petit bijou du coffret qui distille ce parfum d’authenticité. Entre un profond respect pour le rock (et une partie de son origine : le folk) et le maniement de la langue de Molière tout en surprise, ces artistes et groupes prouvent que la France aurait pu prendra sa part dans l’histoire du rock. Le français n’ayant servi que de prétexte pour expliquer cette grande débâcle. Résultat, les anglais ont donné naissance aux Beatles et aux Stones ; nous aux Chaussettes Noires et aux Chats Sauvages. Et les québécois à une révolte autonomiste. Choisi ton camp camarade !
Hervé Devallan
Anthologie 1956-1960 du rock fifties en français – (Frémeaux & Associés) – 4/5