La Feline “Adieu l’enfance”

La pop vient de dénicher une de ses perles rares. Avec ce premier LP, La Féline signe un magnifique recueil de 12 chansons mélancoliques et profondes. Les 80’s tiennent enfin leur revanche !

Des mélodies pop avec une guitare et des synthétiseurs. Rien de nouveau sous le soleil vous me direz. Et bien, si l’adage populaire a du vrai, il n’interdit pas cette petite étincelle qui fait la différence. Ce qu’on appelle communément le talent. Une différence de taille lorsqu’il s’agit de comparer et surtout de conseiller l’écoute d’un disque. Car le caprice d’une jeune tarbaise étudiante en philosophie ne suffit pas à transformer un album en 12 petites perles sincères et minimalistes. Tout ici est dépouillé jusqu’à cibler l’essentiel (la mélodie) et soigner l’écrin qui l’accompagne (la production). Dans un univers 100% années 80, La Féline n’en retient – heureusement – que le meilleur : The Cure, Cocteau Twins, Manset et quelques pépites françaises de l’âge d’or de la Cold Wave à commencer par Movement, Un Departement ou encore Casino Music quand cette même vague froide flirte avec la Dance. Bref tout ce que Lescop a condensé dans un seul titre (« La Forêt »), la belle Féline arrive à en éblouir tout un album à la façon d’un Etienne Daho ou d’un Christophe des grands soirs. Son premier EP « Wolf & Wheel » sorti en 2011  laissait entrevoir cette capacité à concentrer le bon goût, légèrement contrarié par l’emploi de l’anglais et de l’espagnol qui rendait le tout sensiblement impersonnel. A la différence, « Adieu l’enfance » félinise les codes d’un art qui se pratique maintenant depuis une cinquantaine d’année : la pop music. S’en distinguer n’est pas donné à tout le monde. Avec l’aide de Xavier Thiry aux claviers et aux arrangements, elle en rendrait les boîtes à rythme presque humaines. Comme si la beauté jaillissait de la nuit, l’âge adulte de l’enfance.

Hervé Devallan
La Feline “Adieu l’enfance” (Kwaidan Records) – 4/5