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Kick : « Au début de Strychnine il y avait Serge Teyssot-Gay et Luc Robène »

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Si dans le cercle des amateurs érudits, le nom de Strychnine oblige le respect, c’est parce que ce groupe ouvrit le mythique festival de Mont de Marsan le 5 août 1977. Il jouera en plein après-midi et essuiera les plâtres comme on dit, mais prêtera sa sono aux groupes anglais : Damned, Eddie and the Hot Rods et Clash. Le chanteur s’appelait Kick, de son vrai nom Christian Lissarrague. Je le retrouve un vendredi après-midi de décembre à Montreuil, au café Armony où il a désormais ses habitudes. La veille il se produisait dans le quartier de la Bastille à la Liberté, car depuis presque quarante ans, Kick n’a jamais abandonné sa guitare. Il se produit seul dans un registre qui navigue entre rock et blues. Dans ses mots, on découvre le quotidien d’un ménestrel des temps modernes. L’homme raconte ses blessures et ses joies, mais aussi et surtout celle de son entourage. Ce n’est jamais monochrome, toujours relevé et convaincant.

Qu’est-ce que tu deviens ?
Je joue toujours… Ce soir Sven (ex guitariste de Parabellum) viendra me rejoindre. J’ai deux sets différents, un plus rock, l’autre blues. Lorsque je joue seul du blues, c’est celui du Delta la musique que j’écoute, du blues rural. Je me suis mis à faire ça depuis plusieurs années, je suis très souvent sur la route, notamment ici à Montreuil. J’y suis presque une semaine par mois. Je joue tellement souvent ici que les gens croient que j’habite ici. Bordeaux, j’y vais de temps en temps, mais je n’y ai plus d’attache. Je suis né là-bas, mais bon.

Il y a un vide dans ta biographie, qu’as-tu fait entre 1985 et le troisième millénaire ?
Il y a eu la première partie, la période Strychnine, 1977-1982, et après j’ai fait des trucs en solo, un maxi et un album. Je les ai réédité et remasterisé. A ce moment-là je vivais beaucoup à Noisy-le-Sec, en banlieue Parisienne, ça a duré dix ans. Vers 1988, j’ai rencontré les mecs de Parabellum qui cherchaient un parolier, je leur ai écrit plusieurs titres : « Le Bal des canailles« , « R.M.I. chez les roumis« , « Le Dernier trocson« … (l’album de 1990, « Parabellum », Kick est crédité Mystère Kik)


C’était après Géant Vert ?
Oui. Ils s’étaient pris la tête. Quelqu’un avait pris le relais mais il s’est suicidé, et ils étaient dans une sorte d’impasse. Je leur ai également donné un coup de main sur la production de l’album, mais je n’ai fais que celui-là. A ce moment-là, je rencontre Loran le guitariste des Bérurier Noir, on fera un groupe ensemble Ze6. Loran a par la suite épousé la cause Bretonne et joue désormais au sein des Ramoneurs de Menhirs. Et là j’arrêterai la musique. J’ai un raz le bol, je ne fais plus rien pendant quinze ans. Je deviens bucheron. C’est mon premier métier en fait. J’habite en Suisse, dans les Pyrénées, dans l’Aveyron, le Jura, un peu partout. J’avais besoin de faire un break. Et en 2005, ça m’a repris. D’abord avec Strychnine, on a refait un album, j’avais pas mal de nouveaux textes. Et puis j’ai envie de reprendre en solo, c’est une vraie liberté, j’enregistrerai le CD « Composé » en 2010. J’ai également commencé à donner des concerts, rock en m’accompagnant d’une seule boîte à rythme. Je me suis mis à faire du blues aussi, ce qui me permet de ne faire que ça. Je tourne à 80 concerts par an, avec ces deux formules. Pour le blues il y a un harmoniciste qui vient me rejoindre parfois, il s’appelle aussi Kik, il joue dans les Gommard qui ont accompagné Schultz pas mal de temps. Ensemble, on se produit sous le nom de Double Kick.


On est dans le rock indépendant et underground complet là.
Ouais, moi je fais tout moi-même. J’enregistre mes disques chez un pote, et on travaille à deux, c’est vachement bien parce que c’est la liberté totale.

double kickDirais-tu que tu parviens enfin à faire ce dont tu avais envie ?
Oui parce que je me sens vachement bien comme ça, je ne suis pas complètement fermé, si jamais je rencontrais un tourneur ou un petit label avec lequel j’aurais un feeling, je pourrais travailler avec eux. Mais je ne cherche pas particulièrement.

Est-ce qu’il y a des relais entre la scène des cafés où tu te produis, une scène donc complètement indépendante et une scène plus officielle ou installée.
Surement, mais je ne la connais pas. Il y a un moment où je n’ai plus envie de me prendre la tête, et surtout, je me sens bien comme ça.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de refaire de la musique ?
C’est difficile à dire, mais à un moment j’ai retrouvé Boubou (Jean-Claude Bourcherin) le batteur de Strychnine. On est allé faire un bœuf tous les deux et c’était super. On a commencé à jouer comme ça et ça s’est développé, on nous a proposé une soirée qu’on n’a pas eu envie de refuser. C’est souvent comme ça, si la première soirée est super tu as envie de recommencer. Ensuite, j’avais des textes.


Tu n’as jamais cessé d’écrire ?
Quand j’étais bucheron ce n’était que des poèmes sans musique, des textes pas faits pour être mis en musique mais non.

Tu es de quelle génération ?
Je suis né en 1957.

strychnine 2Et tes premiers émois musicaux alors ?
C’est assez classique, avec les potes de lycée on a formé un groupe et c’était Strychnine. On était en plein dans l’effervescence punk, j’avais 18 ans et ça donnait envie. Il y avait très peu de groupes à Bordeaux. On a joué à Mont-de-Marsan, on est tombé dans une époque d’ébullition.


Est-ce qu’il y a des connexions avec Noir Désir ?
Au début de Strychnine il y avait Serge Teyssot-Gay et Luc Robène qui participera à la première mouture de Noir Désir jouera également dans Strychnine.

Tu écris depuis l’adolescence ?
Non, c’est allé de pair avec la musique. Je n’étais pas marqué par les chanteurs français, plus jeune je n’écoutais que des groupes Américains Stooges, New York Dolls et aussi beaucoup de rock and roll Chuck Berrry, Gene Vincent, Cochran, Johnny Burnette. Je n’ai jamais écouté de chanson française, mon influence c’est vraiment Chuck Berry, même si ce n’est pas la même langue, au niveau du son du rythme c’est lui mon modèle. On me le dit souvent que mes textes sonnent anglais. Souvent en français, c’est la musique qui suit le texte, moi j’ai toujours pensé à l’envers. D’abord la musique. J’ai toujours essayé de mettre du contenu aussi, dans mes textes il y a toujours des choses qui ont du sens. Je n’ai jamais cherché à faire de la musique de divertissement.

Le moment phare de Strychnine c’est Mont-de-Marsan, lorsque tu déclares : On vient de Bordeaux, on fait du rock, j’ai 18 ans et je vous emmerde !
Ouais, c’est moi.


L’album sort au même moment ?
Toutes les maisons de disques voulaient un groupe dans le courant. Moi je pense que des groupes comme nous, on arrivait un peu trop tôt, il n’y a pas de fanzine ni de mouvement alternatif, pas encore. C’est un peu la préhistoire. On état chez Disc’Az, mais le souvenir que j’en ai c’est une forme d’incompréhension totale.

strychnine suspectIl se vend ?
Je n’ai jamais su. On fera pas mal de premières parties de Jacques Higelin, au Pavillon Baltard il me semble. On les croise tous Bijou, Téléphone, Trust, Starshooter… (Il y aura un deuxième album beaucoup plus rare que le premier, puis la participation à la BOF d’un film avec Jaques Higelin, La Bande Du Rex).

Pourquoi ça s’arrête, qu’est-ce qui se passe ?
Il y a quelques problèmes internes au groupe, la vie était destroy… C’est classique de cette génération là.

Et depuis tu continues en solo ?
Oui c’est ce que je voulais faire. Je n’ai jamais arrêté d’écrire des textes, c’est le moteur pour moi, à partir du moment où tu as des textes, tu as envie de les mettre en musique et de les défendre sur disque ou sur  scène. C’est le plus difficile les textes, trouver une musique ce n’est pas très compliqué lorsque tu joues de la guitare depuis tes 15 ans. Mais le plus compliqué ce sont les textes. Qu’est-ce que tu as à dire ? Est-ce que les gens vont s’y retrouver ?

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
Que ça continue longtemps.

Kick creuse son sillon. Ses textes ont la beauté de la sincérité. Pour suivre son actualité il y a sa page Facebook, surveillez la, Kick et sa 6 cordes ne sont jamais très loin…
En guise de conclusion et de mantra à réciter pour l’année à venir, on reprendra l’une de ses réponses, au fanzine Nineteen au printemps 1986 : J’aimerai bien que le rock redevienne ne musique populaire, comme à l’époque de Gene Vincent, Cochran ou Presley… Si on arrive à intéresser ou émouvoir mille personnes, pourquoi cela ne serait-il pas possible avec 100.000 ?

Christian Eudeline

DISCOGRAPHIE

Strychnine
Singles
1978 – Suspect / Rock’n’roll. (Oxygene OXY 15)
01-1980 – Pas besoin d’être un homme / Lâche-moi. (Disc’AZ AZ/1 756) Promo
1980 – Lâche-moi / Jeux cruel. (Disc’AZ AZ/1 791)
1980 – Pas facile / Lâche-moi. (Disc’AZ AZ/1 765)
1981 – Ragnagna / Amour dehors. (Disc’AZ AZ/1 816)

Albums
01-1980 – JEUX CRUELS (Disc’AZ AZ/2 316)
Génération vaincue / Pas besoin d’être un homme / Ville sale / Jeu cruel / Ex. Bx. / C’est pour toi / Lâche-moi / Chose inutile / La rue est à nous. 03-1981 – JE VEUX (Disc’AZ AZ/2 361)
Ragnagna / Différent / Amour dehors / Obsession / Je veux / Trouver la Distance / Animal / Alcool / Nouvelle esthétique / La Leçon / Fantasmes / Arrêtez la cadence.
2009 – LIVE A BREST 81 (Radioactivity)
Arrêtez La Cadence / Nouvelle Esthétique / Amour Dehors / Obsession / Là Leçon / Pas besoin d’être un homme / Fantasme / Alcool / Ville sale / Je veux / C’est pour toi / Différent / Lâche-moi.
2010 – TOUS LES CRIS (Julie Records Babe 05)
L’Avenir nous parle / Débile / Tous les cris / La Peste / Vieux con / Dormir ce soir / Heureux de vivre / Oublie Toi / Pourquoi ? / Le Grand machin / Faut être dur / Nomades.

Compilations
1979 – LA BANDE DU REX (Underdog / Carrère 67 494)
Bande du Rex.

Kick
Maxi
1984 – MAL (Surfin’ Bird SURF 1001)
A la terre entière / Etrange ambiance / Le Fils de l’homme / Mal / Quand la nuit meurt.

Albums
1985
– VISIONS PURES (Tchouki 30 001)
J’veux pas qu’on m’aime / Le Retour du fils de l’homme / Toi et moi / Dans la cave / A.N.P.E. / Tchouki / Pacte de chair / Race de cœur / Sexe à vendre / Le Dégout de l’égout / Vision pure.
2011 – FORCENE (Julie Records Babe 07)
La Tribu / Quelle folie ! / Forcené / Requiem pour un con / Chez nous / Parler entre nous / La Fin de l’espèce / La Mauvaise réputation / William Shakes pire / Un Temps de merde / Le Goût d’être moi / Mange-moi l’arachide / Bo Jolly (Remember Phil) / En équilibre.
2013 – LE SENS DE LA PENTE (Julie Records Babe 08)
La Danse du Gouliwan / Chuck / Quart-monde / Le Sens de la pente / Je veux (live) / L’autoroute (live) / La Vie est belle (live) / Obsession (live) / Vision pire (live) / Sexe à vendre / La Règle du je / Chuck 88 / Etrange ambiance / Mal / L’Autoroute / Gouliwan / Ex-BX (live) / Ça dépend des jours. (Archives 1982-1990 : Démos, Lives et Inédits)
2015 – CHIEN FIDELE (no label)
Dans ton hamac / Envers et contre tous / Elles se moquent / Je l’aime/ Le Doute / Chien fidèle / Mauvais remords / A donf (Amsterdam 1989) / L’Avenir nous parle / Song For Schultz.

Compilations
1983 – SNAPSHOT (S) Snapshot SS 33011

Kick.
2014
– MAL + VISIONS PURES (CD Julie Records Babe 010)
CD regroupant l’intégralité de ces enregistrements + le morceau SNAPSHOT (S). (17 titres)

ZE6
K7
1991
– LIVE (Palmi S/R)
Split K7 avec Molodoï, enregistrée à Clermont-Ferrand le 16 avril 1991.


One thought on “Kick : « Au début de Strychnine il y avait Serge Teyssot-Gay et Luc Robène »”

  1. Kris Lea Kris Lea dit :

    Kick fait partie de ces rares et belles personnes, authentique, engagé et à donf !

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