Encyclopédie du Rock
Noir Désir
Noir Désir était davantage qu’un simple groupe de rock. Durant 25 ans, le groupe a été un vrai phénomène de société comme Téléphone en son temps. Mais durant toutes ces années, les Bordelais vont plus loin et s’engagent au quotidien en faveur de causes politiques, humanitaires et sociétales comme le montrent leurs nombreux concerts de « soutiens », leur inoubliable coup de gueule aux Victoires de la Musique ou plus sûrement leurs discrètes et anonymes participations associatives. Côté musique, l’engagement est également total si l’on en juge par les récurrents problèmes de cordes vocales de Bertrand Cantat. Si tout démarre sur les bancs du lycée en 1980, le line up ne se stabilise qu’en 1985. Un an et quelques de concerts bordelais plus tard, une maquette est enregistrée. Théo Hakola (Orchestre Rouge, Passion Fodder) l’écoute, tombe sous le charme et les produits. C’est leur premier album qui sort en 1987 chez Barclay. Deux ans plus tard, c’est un carton plein avec le disque « Veuillez rendre l’âme » qui contient le tube « Aux sombre héros de l’amer ». Dès lors, les albums se suivent et les succès se ressemblent avec des ventes impressionnantes qui peuvent frôler le million d’exemplaires, des concerts dans des salles de plus en plus grandes et dans des pays de plus en plus éloignés. Jusqu’au jour fatidique où le fait divers l’emporte sur le fait culturel. En 2004, Bertrand Cantat est condamné à 8 ans de prison pour le meurtre de sa compagne, l’actrice Marie Trintignant. Depuis le soutient des autres musiciens est total. Noir Désir semble être mis entre parenthèse, même depuis la sortie de prison du chanteur fin 2007. D’aucuns les aurait pourtant entendu répéter dans un studio près de Bordeaux… Quelques morceaux sortent sur leur site web et Bertrand Cantat fait les chœurs sur le dernier Eiffel. Et puis nouveau coup dur en 2009 avec le suicide de la première épouse du chanteur de Noir Désir… Pourtant à l’été 2010 et en octobre, Bertrand Cantat remonte sur scène en compagnie de ses copains d’Eiffel. Tout le monde est alors convaincu de la prochaine reformation du groupe. C’est sans compter Serge Teyssot-Gay qui claque la porte de Noir Désir le 29 novembre 2010 pour désaccord « émotionnel ». Fin de l’histoire ? Oui dès le lendemain dans un communiqué officiel signé Denis Barthe. A noter que le dernier rendez-vous discographique du groupe sort en 2011 sur « Tels Alain Bashung », un tribute album où les bordelais interprètent « Aucun express ».
A ranger entre Téléphone et Eiffel
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Avant et pendant Noir Désir
La formation s’est appelée Psychose avec Hervé Porge à la basse et Thierry Teyssot-Gay (frère de Serge) à la seconde guitare, puis 6.35 pendant quelques semaines, Station Désir pour quelques jours avant de devenir Noir Désir.
Frédéric Vidalenc jouait dans Dernier Métro.
En 1982, Serge Teyssot-Gay et Vincent Leriche quittent le groupe pour fonder Boîte à Musique. Serge Teyssot-Gay reviendra…
Pendant la pose de 1991, Denis Barthe écume les clubs avec Blind Folded puis le groupe néo réaliste Edgar de l’Est où l’on retrouve le violoniste François Boirie, compagnon de route de Noir Désir. Edgar de l’Est signera en 1995 sur Grosse Rose Records, le label de Noir Désir.
Que sont-ils devenus ?
Bertrand Cantat compose, joue avec Shaka Ponk, Brigitte Fontaine, Amadou & Mariam monte sur scène dans « La trilogie des femmes » et finit par en extraire 17 morceaux dans un premier album sortis discrètement sous le nom de Choeurs.Pour le second, il s’associe à Pascal Humbert (ex Tanit, Passion Fodder, 16 Horsepower) et sort un album fin 2013 sous le nom de Detroit.
Habitué des albums solo alors que Noir Désir était encore en activité, Serge Teyssot-Gay continue sur sa lancée, et sort un troisième disque avec Khaled Aljaramani, joueur de oud syrien. On le retrouve également dans les projets Interzone et Zone Libre.
Denis Barthe a produit l’album « Fragile » des Têtes Raides tandis que l’on peut voir Jean-Paul Roy avec Yann Tiersen. Les deux Noir Désir composent la musique de « Enfermé dehors », le troisième film d’Albert Dupontel sous le nom de The Hyènes. Un véritable groupe qui part en tournée officielle en 2011 et qui sort son second opus en 2012. Clip de « Nazillon de nuit » ici. En 2017, on le retrouve au sein de The Very Small Orchestra.
Quand à Frédéric Vidalenc qui a quitté le groupe en 1996, il se consacre à la voile (Transat en double Lorient – Saint Barthélémy avec Erwan le Bellec en 1996). En 2003 et 2005, on le retrouve dans les bacs avec « La latitude des chevaux » et « Quelque chose dans l’ordre ». L’esprit de groupe doit lui manquer puisqu’en 2009, on le retrouve à la basse dans le groupe bordelais Ombre Rouge.
Emmanuel Ory-Weil devient pendant 10 ans co manager du groupe avec Didier Estèbe. Il travaille aujourd’hui dans une startup mariant mobilité urbaine et téléphonie mobile.
Vincent Leriche est passé par Emmaüs et les Restos du Cœur, pas comme bénévole, mais en tant que bénéficiaire. Bref, il a été à la rue. Il survit à Libourne depuis 2010.
Luc Robène est membre de The Hyènes depuis 2019, Strychnine depuis 2009, Arno Futur (depuis 2017). Il est également historien, professeur à l’université de Bordeaux : il dirige avec Solveig Serre un gros projet de recherche consacré à l’histoire de la scène punk en France. « PIND. Punk is not dead. Une histoire de la scène punk en France. 1976-2016.
Fiche technique de Noir Désir
Ou : Bordeaux
Quand : entre 1985 et 2010
Site Internet
Genre : Rock
Line up
1985 : Bertrand Cantat (Chant) – Denis Barthe (Batterie) – Serge Teyssot-Gay (Guit) – Frédéric Vidalenc (Basse)
1996 : Bertrand Cantat (Chant) – Denis Barthe (Batterie) – Serge Teyssot-Gay (Guit) – Jean-Paul Roy (Basse)
Anciens membres
Emmanuel Ory-Weil (Chant en 1983) – Vincent Leriche (Basse en 1982) – Luc Robène (Guit entre 1982 et 1985)
Albums
1987 : « Ou veux tu qu’je r’garde » (Barclay) – 5000 ex
1989 : « Veuillez rendre l’âme » (Barclay) – 150 000 ex
1991 : « Du ciment sous les plaines » (Barclay) – 120 000 ex
1993 : « Tostaky » – 200 000 ex
1994 : Live « Dies irae »
1995 : Compilation « Compilation »
1996 : « 666 667 Club » – 700 000 ex
1997 : « One trip, one noise »
2000 : Compilation « Long box »
2001 : « Des visages, des figures » – 1 million d’ex.
2005 : Live « Live »
2011 : Compilation « Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien » (Barclay)
2020 : Live « Débranché »
2021 : Live « Elysée-Montmartre »
S’il n’en reste qu’un
1996 : « 666 667 Club »