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Pascal Comelade : « Je suis un piéton. Un type qui aime se perdre dans la nature »

Pascal Comelade est unique. Il a trouvé sa place entre Erik Satie et Suicide, rock et musique populaire, piano et instruments jouets. Et toujours ou presque en version instrumentale. Cette fois encore « Cut-up populaire » marie les genres tout en laissant une belle place à la guitare et à la batterie… Et deux invités de marque : Richard Pinhas et les Liminanas. Rencontre.

Pourquoi ce titre « Cut-up populaire » ?
C’est la façon dont je conçois la musique. Avec évidement une référence à William Burroughs. Un découpage, une multiplication des informations. Sur chaque titre, j’ai essayé d’injecter le maximum de petites infirmations comme s’il s’agissait de construire une architecture sonore. Ça c’est pour le côté « cut-up ». « Populaire » parce que… Je ne sais ni lire ni écrire la musique. Je n’en fais pas un étendard. Mais je suis dans la même situation que n’importe quel musicien de blues ou de trad. On est des millions comme ça.
Pour le live ça se traduit par des concerts uniques. On ne refait jamais deux fois la même chose. Je n’ai jamais fait de réelle tournée. Avec l’orchestre, le Bel Canto Orchestra, il n’y a pratiquement jamais eu – à part sur certaines périodes – de local de répétition et donc de répétitions. On montait le répertoire avant le concert pendant la balance. J’ai cette culture de la spontanéité. Le terme de « populaire » vient de là pour moi.

Avec une approche 100% instrumentale…
Oui, ça fait 40 ans que ça dure. Pour moi, la chanson, c’est un autre monde, et c’est surtout, une autre construction. Je n’ai jamais envisagé la chanson comme étant un instrumental sur lequel on pose une voix. Dans ma vie, j’ai dû en co-écrire même pas une vingtaine. J’ai fait une paire d’albums en collaboration, deux ou trois chansons avec PJ Harvey et puis c’est tout. La chanson n’a jamais été la priorité. Mon obsession, c’est la musique instrumentale.

Avec une vraie envie de partage, comme sur votre dernier album
Oui, toujours. Et ces collaborations sont toujours le fruit du hasard.

Sur « Cut-up populaire », on retrouve deux invités de marque : Les Liminanas justement et Richard Pinhas. Vous êtes un fidèle ?
Oui ! Richard, c’est le premier musicien français que j’ai connu en 1974 à Paris. Il avait accepté de jouer sur le premier titre de la face A de mon premier album. Il est toujours là. D’ailleurs, on vient de boucler un album qui ne sortira qu’en vinyle d’ici quelques jours. Rien à voir avec « Cut-up populaire ». C’est une musique froide faite de boucles d’orgues électriques et la guitare de Richard.

Quelles ont été les sources d’inspiration pour cet album ?
Je ne sais pas… Par contre, ce qui s’avérait évident c’est que ce disque voit apparaître la domination de la guitare électrique et beaucoup de batterie, ce qui est très rare pour moi. Sur mon dernier album qui remonte à 2013, il n’y a que 2 ou 3 titres comme ça. Ici c’est 80% du disque. Bien sûr, la partie bancale constituée d’instruments acoustiques, d’objets bricolés et de piano existe. Mais elle ne prédomine pas.

Votre côté artisan domine encore.
Oui, je suis un artisan. Artiste me gêne un peu. A l’extrême, ce que je préfère ce serait « inventeur de musique » comme Jelly Roll Morton écrivait sur sa carte de visite « Inventeur de jazz ». Mais bon, s’auto définir, c’est compliqué. Artisan implique une façon de fabriquer l’œuvre avec son propre savoir-faire.

Barcelone reste toujours plus important que Paris pour vous ?
Vers la fin des années 70, j’ai dû faire un choix de capital. Et ça a été Barcelone. Dès 1978. J’ai donc beaucoup joué en Espagne. C’est évident que ma situation en France serait différente aujourd’hui si j’avais opté pour Paris. J’y serais resté. Je suis d’une génération où il fallait faire acte de présence à Paris. Ceci dit, Barcelone, c’est la même chose. C’est là où sont les maisons de disques, les journalistes, les scènes, etc. C’est le centralisme et c’est une réalité mondiale. Mais à la fin des années 70, ce que cherchait un jeu homme dans une grande ville, moi je l’ai trouvé à Barcelone. Et la vie nocturne et la contre-culture étaient plus frénétiques à Barcelone qu’à Paris.

Et Londres ?
J’y suis allé une fois dans ma vie, parce que je cherchais un vieux modèle de synthétiseur… Vers 1978. Je voulais aussi rencontrer un musicien qui s’appelle David Cunningham qui jouait au sein des Flying Lizards. C’est le grand paradoxe de ma vie. Je pense que c’est la distance… J’aurais habité la partie nord de la France, j’aurai pratiqué Londres. Je ne suis pas un grand voyageur. Je suis un piéton. Un type qui aime se perdre dans la nature.

Ce qui n’empêche pas de belles collaborations avec des artistes anglo-saxons !
Oui, grâce au fax et au téléphone (rire). Tout se fait par correspondance. Encore une fois c’est le hasard total. Aucune collaboration n’a été préparée. C’est à chaque fois un concours de circonstance. Un exemple : PJ Harvey. Il se trouve que je suis un vieux fan de Captain Beefheart ; il se trouve qu’à l’époque à la fin des années 90, un des musiciens de PJ Harvey était Erik Drew Feldman. Nous étions en contact épistolaire et il m’apprend qu’il joue à Paris avec PJ Harvey. J’y vais et on se retrouve avec lui et PJ Harvey. On discute et j’apprends qu’elle écoute ma musique dans son Tour Bus ! A ce moment-là, le but dans ma vie n’était pas de rencontrer PJ Harvey !  Le but c’était de discuter avec Erik Drew Feldman !

Propos recueillis par Hervé Devallan

 

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