Patrick Abrial « Mots de tête »

Patrick Abrial n’est pas un perdreau de l’année. Sa musique reste encrée dans les années 70. Son nouvel EP explose les genres entre musique de films, jazz et rock.

Tout commence comme un bon vieux rock engagé et dégagé des années 70. Débonnaire, dansant et les paroles crues (« Et si j’encule toujours les mouches / Est-ce que tu me prendrais dans ta bouche ») , « Mal à la tête » plonge dans les faubourgs poétiques, à l’heure où les putes croisent les éboueurs. Il est 5 heures et Paris s’éveille. Mais cette première impression est fausse. Dès le deuxième titre, Patrick Abrial change de trottoir et nous emmène dans un cabaret russe. Toujours à Pigalle, toujours dès potron-minet. On s’y retrouve pourtant, entre jazz et accordéon. Il nous prend par la main et le voyage nous entraîne vers mille souvenirs. On se sent en sécurité dans le petit monde de celui qui a reçu le prix Charles Gros en 1967 ! Car ça fait un bail que le monsieur nous balade ainsi au fil de ses albums. Une dizaine depuis 1966. Parfois inégaux, souvent authentiques. Si l’artiste est « multicarte », il reste une pépite qu’on suit avec nostalgie (écoutez sa magnifique « Cinquième saison » !) tant sa créativité déborde chaque genre qu’il magnifie en les prenant à la racine. Ici, en 5 titres, tout est dit. Dur pour les autres.

Hervé Devallan
Patrick Abrial « Mots de tête » (Aztec Musique / PIAS) – 4/5