Zëro « Ain’t that Mayhem ? »

Zëro poursuit sa route noïse tout en rendant l’œuvre accessible sans perdre son âme. On appelle ça, maîtriser son art, non ? 

[NOISE]
Avec le temps, Zëro se bonifie et rend son art Noïse beaucoup plus accessible. Comme si faire du bruit devait s’organiser autour de dissonances rédemptrices après moult recherches iconoclastes. En clair : de chastes oreilles pop pourraient presque écouter Zëro. Certes la déstructure est de la règle, et l’art contemporain qui l’accompagne aussi, mais l’organisation finale ressemble désormais à un vrai morceau avec un début et une fin  Résultat ? « Ain’t that Mayhem ? » pourrait être la pierre angulaire d’une œuvre globale. Ce qui au final colle bien au titre de l’opus qui se demande si la musique proposée ne pourrait pas faire un peu de « grabuge ». Car rendre la Noïse abordable et audible révèle de l’absolue gageure et ne peut se concevoir qu’après avoir appréhendé le chaos avec un peu de recul. Est-ce à dire que Zëro se fourvoie et se laisse aller ? Non, au contraire. Les lyonnais maîtrisent et dirigent leur musique sans être soumis au dictât et à la redondance d’un genre. L’évolution est en marche depuis longtemps, mais trouve avec ce nouvel album une étrange facilité d’exécution. Zëro serait-il devenu adulte ?

Hervé Devallan
Zëro « Ain’t that Mayhem ? » – (Ici d’ailleurs) – 4/5
Sortie le 27 avril