Encyclopédie du Rock
Shaka Ponk
Les groupes phénomènes sont tellement rares que l’on a toute les chances de passer à côté. Shaka Ponk est de ceux là. Découvert avec le titre « Spi » sur la BO du film « Dédales », les quatre parisiens ne résistent pas l’appel de la scène allemande et quittent les aprioris français pour Berlin en 2004. Deux ans plus tard, leur fusion iconoclaste accouche d’un ovni intitulé « Loco con da frenchy talkin’ » signé sur le label indépendant allemand Edel. La véritable bande son de leur univers graphique qui repose sur Goz, un singe virtuel créé par Frah qui les accompagne partout sur scène. L’arrivée de ce signe mérite d’être comptée. Frah s’en explique dans une interview à Christian Eudeline : « On était encore à Paris dans un appart qu’on louait avec le premier bassiste du groupe à Chatelet. On faisait des super grosses fiestas, tous les week-ends, et le concept de ces fiesta là c’était : Tu ne pouvais pas rentrer si tu n’avais pas une bonne bouteille et un truc que tu avais fait toi : vidéo, chanson, etc. Donc, il y avait plein de gens, des potes de potes et on se retrouvait avec des projecteurs, des mecs qui faisaient des courts-métrages ou des petites animations. Tous les week-ends, on se retrouvait dans une espèce de fiesta multimedia. Le groupe s’est construit autour de ça. Et dans cette bande de mecs on est tombé par hasard, sur Stan qui venait des Etats-Unis et qui nous dit : Moi j’ai rien à vous montrer en revanche je suis hacker. Je pirate des campagnes de pub sur internet avec un petit singe, c’était au début du web. Et pendant dix minutes, le bandeau de Nike s’est transformé en un petit singe qui dit : n’achetez pas de grole Nike ! C’était Goz. On lui disait : Putain il est mortel ton singe ! On voudrait que ce soit le chanteur du concept image qu’on était en train de monter. Le mec m’a dit : Bah vas-y prend le. Du moment qu’on ne parle pas de moi ! Et du coup on a engagé ce petit Goz, qui n’étais pas du tout comme ça, qui était un petit gif animé très simple, on l’a modélisé en 3 D, c’est là que ça a commencé à devenir compliqué, on lui a mis des peintures de guerre, des plumes pour faire un vrai personnage sur scène. Et après c’est devenu tout un concept de ce singe. ».
Pour revenir à l’histoire du groupe, des problèmes contractuels vont retarder la sortie du second opus enregistré à… Paris ! Un retour aux sources toujours aussi fusionnel, mais avec quelques sonorités électro, qui s’esbaudissent dans les bacs en juin 2009 grâce à une signature chez Guess What!, une branche du label français Tôt ou Tard.
C’est toujours à Paris et en juin 2011 que le troisième album est annoncé. L’occasion de retrouver Sam, la chanteuse qui les accompagne sur scène depuis quelques mois déjà. Autre surprise, Bertrand Cantat (ex Noir Désir), sur le titre « Palabra mi amor » qui clôture en français (une première pour les parisiens) ce remarquable opus. Les salles mythiques affichent complets (Cigale, Olympia, Bikini…) ; les Zénith et Bercy en font autant malgré un pied cassé pour Frah. The show must go on. Entre temps sortent un duo avec Shunk Anansie et leur dernier album en édition limité accompagné d’un DVD illustrant l’univers graphique du groupe. En novembre 2013, c’est un autre CD/DVD qui attendent le million de spectateurs qui se sont déplacés sur la tournée : enfin l’album live ! La fête continue. A l’été 2014, on les voit sur tous les festivals avec Detroit et Skip the Use dans un show désormais bien rodé et très rock, ce qui ne les empêche pas de sortir deux albums studio la même année qui se vendent à 200 000 exemplaires.
A ranger entre Enhancer et Shane Cough
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Histoire d’une rencontre avec Bertrand Cantat