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Betty Bonifassi « Lomax »
La voix de Betty Bonifassi mérite à elle seule le détour. La musique qui l’accompagne – du blues – est également une invitation onirique. « Lomax » réunit les deux.
Le blues, il vient de là, il vient de Nice… ville qui a donné naissance à Betty Bonifassi. Car oui, la montréalaise a vu le jour sous les cieux étoilés de la Méditerranée, à deux pas de la promenade des anglais. Côté racines blues, on fait plus direct. Est-ce pour cela que sa musique prend parfois des accents amérindiens ? On se croirait à défendre les terres sacrées des Sioux au pied d’un pipeline mercantile. Et rien que ça, c’est d’une jouissance extrême. Les bretons, en savent quelque chose, eux qui ont combattu l’atome à Plogoff. Nuclear nan trugarez qu’ils disaient à l’époque. Bien leur en a pris, vu que l’Etat français n’arrive toujours pas à démanteler la centrale de Brennilis dans les monts d’Arrée… Depuis 1985 que ça dure. On n’ose penser aux réacteurs encore en activité : comment vont-ils faire ? Trêve de pérégrination hivernale et retour à celle qui chanta la chanson générique des Triplettes de Belleville. Ici, c’est l’atome crochu qui est de rigueur avec une voix qui semble sortie des champs de coton sur des rythmes forcément blues, mais pas que. Il y a un peu de Bayou et pas mal de sous entendus indiens dans ce « Lomax ». Un mélange détonnant qui fait de ce disque une belle exception culturelle. Ce que sont nos cousins québécois en quelque sorte.
Hervé Devallan
Betty Bonifassi « Lomax » – (Hi-Lo / Universal – Caroline International) – 4/5