Blankass « Si possible heureux »

Le nouvel album de Blankass, c’est tout simplement onze bonnes chansons pop. Un art majeur que Guillaume et Johan Ledoux cultivent depuis 1990. Et peut-être avant.

Tout le monde vieilli. Les frères Ledoux aussi, mais pas leurs chansons. Et comme ils l’affirment, l’important est de ne pas devenir con et aigri. A l’écoute du nouvel album de Blankass, on les rassure : leur jeunesse de cœur et d’esprit est intacte. Certes, moins fougueuse qu’au temps de Zéro de Conduite. Mais bon, on ne peut avoir tous les jours 10 ans ! Le punk passe, leur pop reste. Résultat, les 11 chansons se jouent des modes. En revanche, une chose demeure, leur science des refrains ! Une science qu’ils cultivent en mariant leurs voix. Guillaume et Johan ont été élevés avec les disques de leurs parents. Et dans le lot, jurons qu’il y avait Simon & Gartfunkel ! Ce qui ne les empêche pas d’inviter des troisièmes voix. On retrouve ainsi Gauvain Sers, Vianney et Stephan Eicher sur un titre chacun. Les clins d’œil aux amis disparus montrent qu’ils n’oublient pas et restent fidèles. C’est ainsi qu’ils ont écrit et envoyé une lettre à Tignous, le dessinateur de Charlie Hebdo disparu lors de l’attentat de 2015. Une autre chanson est également consacrée aux enfants morts à Marioupol en Ukraine. Autant d’émotions que l’anglais Dave Eringa a mixé dans ses studios de Londres. Oui, le même Dave Eringa qui s’est occupé du magnifique album du duo Roger Daltrey – Wilko Johnson. Ils ont bon goût. Ce « Si possible heureux » le prouve. Et ce n’est pas cette superbe reprise de « Message personnel » popularisée par Françoise Hardy (et composée par Michel Berger) qui va le démentir.

Hervé Devallan
Blankass « Si possible heureux » (At(h)ome) – 3/5