« Christophe, portrait du dernier dandy » par Christian Eudeline

Christophe a tout du dernier dandy, le charme désinvolte et décalé, l’assurance et la classe naturellement travaillée ; mais il a également tout du dernier rockeur, celui qui joue dans une cour où personne n’attend plus un artiste : son propre répertoire. Combien sont-ils à créer cette petite musique dérangeant le top 50 ? Rodolphe Burger ? Etienne Daho ?…. La grande faucheuse ayant balayé trop près de nos cœurs des Daniel Darc, Alain Bashung et autres Serge Gainsbourg. Christian Eudeline ne s’y est pas trompé en retraçant l’histoire de ce Dr Jekyll et Mister Hyde de la chanson, à savoir Christophe et Daniel Bevilacqua. L’interprète d’Aline en 1965 a su ponctuer ses silences et ses succès fous par des albums pop exigeants, souvent mal compris par son public post yéyé, mais toujours salués par des critiques rock ne jurant, dans les années 70, que par les stars anglo saxonnes.  Un paradoxe de plus pour ce fils d’immigré italien, banlieusard (il est né et a habité à Juvisy-sur-Orge dans l’Essonne) qui très tôt adopte le plaisir coupable de la vitesse (il n’a plus son permis de conduire) et le rythme de vie des joueurs de pokers (il donne ses interviews à partit de minuit). C’est tout cela que capte Christian Eudeline, à grand renfort de témoignages, dont ceux de sa femme Véronique, de ses auteurs  et de ses musiciens dont quelques pointures du rock made in France comme l’ex Tanger Christophe Van Huffel qui fut son guitariste, ingénieur du son et co-auteurs dans les années 2000. Un livre qui de disque en disque dresse le portrait d’un homme sincèrement talentueux et honnête. Dandy cool…

Hervé Devallan
« Christophe, portrait du dernier dandy » par Christian Eudeline aux éditions Fayard, 318 pages, 18€