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Melt « Melt »
Melt est une douleur à cœur ouvert. Le dark rock de son premier album épouse les contours de la tristesse et de la colère
Étrange cette folk noïse qui exulte son énergie à travers un chant de rage. La voix féminine crie puis s’adoucit comme pour reprendre le fil de ses idées. En back office, guitares et section rythmique s’aventurent parfois vers un garage d’outre tombe, à moins que ce ne soit un rock psychédélique d’avant garde. On appelle ça du dark rock. Autant dire que l’originalité est au rendez-vous. On pense parfois à ces groupes américains indés qui poussent le plaisir jusqu’à l’Americana. Liz Phair et son premier album ne sont pas loin. La campagne à la ville en quelque sorte. Sauf qu’ici, il ne reste que de timides brins d’herbes et quelques platanes dans un rond point désaffecté. Et puis d’un coup d’un seul, le rock, le vrai, reprend ses droits dans un éclair de guitares fuzz et wha wha. On est à la moitié de l’album et « Kitane » jette ses angoisses avec l’eau du bain. Pour mieux reprendre dès le morceau suivant avec douleur, tristesse et colère. L’album des toulousains est sorti en 2017 et reste l’unique opus du groupe. Leurs audaces les laissent bien seul sur la planète rock tant il est vrai que l’engagement doit être total pour exister. A l’époque où les gilets jaunes n’ont plus rien à perdre, la musique de Melt prend tout son sens.
Hervé Devallan
Melt « Melt » – (Auto production) – 3/5