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Miët « Stumbling, Climbing, Nesting »
Déconstruire pour mieux reconstruire. Un travail qui conduit Miët à inventer son propre rock à grand renfort de boucles de basses, de poésie et de noïse.
Ici, on touche au bizarre, on frôle le sombre et on côtoie la poésie. Celle de Walt Whitman dont les mots de Miët (aka Suzy LeVoid) sont inspirés. On y chante l’absurdité humaine, mais aussi ses faiblesses et ses désirs. Le tout sur fond de rock noïse, décousu et finalement toujours reconstruit. La bassiste bretonne s’est enfermée un an en studio pour mettre en place et enregistrer cet album aussi sauvage qu’onirique. On n’y tutoie pas les anges, même s’ils ont leur part, mais on y croise une âme torturée et mélancolique qui promène sa voix sur de longues traînées de basse qui s’enchaînent en boucle jusqu’à perdre la trace de l’instrument originel. Car le disque porte bien son nom : « trébucher, grimper, faire son nid ». C’est le parcours unique – et tellement universel – que nous invite à partager l’artiste en écoutant son disque. A la première écoute on trébuche et on s’interroge, loin de notre zone de confort assénée par les radios FM. Et puis, on se relève, étonné et réconforté jusqu’à trouver notre place, douillette et confortable, au cœur de cette dissonance contemporaine qui voit l’oxygène naître des fissures de nos villes bétonnées Terriblement humaine et si urbaine. La bassiste de MellaNoisEscape (le groupe d’Olivier Mellano) apparaît donc pour la première fois en solo avec ce premier effort aussi iconoclaste qu’inventif ; aussi écorché qu’irrespectueux des codes de notre société fade et policée.
Hervé Devallan
Miët « Stumbling, Climbing, Nesting » (Kshantu) – 4/5