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October US tour day 3 – New York backwards : « Une mer de gris »
Les habits des New Yorkais sont ternes. La rue, ce matin, est une mer de gris, de bleus foncés et de marrons. J’aperçois mon reflet dans la vitre d’un magasin. Avec ma veste sans manche orange vif, ils doivent penser que je suis un ouvrier du bâtiment qui prend sa pause.
C’est un jour sec et le vent soulève de la poussière dans les quartiers nord. Je traverse la 8ème Avenue et je repère un sac plastique dansant entre deux immeubles, une American Beauty Waltz. J’arrive à l’ASCAP. Si vous vous êtes un jour demandé quel est le résultat final lorsque vous cliquez sur toutes ces chansons sur Spotify, Deezer, Apple Music et compagnie, le voici ! C’est là que vos clics et vos choix de playlists aboutissent ; un tourbillon de uns et de zéros qui finissent par devenir des chèques de droits d’auteurs ; certains d’entre eux ont même mon nom dessus. Bienvenue dans le business de la musique du 21ème siècle.
L’histoire qui s’est réellement passée dans ce quartier en 1904
Les questions de business réglées, il est temps de me préparer pour le concert de ce soir au Pianos dans le Lower East Side. Je suis impatient de jouer certaines nouvelles chansons, et en particulier une, qui raconte l’histoire qui s’est réellement passée dans ce quartier en 1904. Je ne peux pas imaginer de meilleur endroit pour la jouer pour la première fois.
En tant qu’observateur chevronné, je sais généralement combien de temps je peux regarder les gens avant que cela soit considéré comme impoli ou offensif. Mais dans le métro new-yorkais, vous avez au maximum 10 millisecondes et il vaut mieux ne pas croiser le regard de quelqu’un. Juste un coup d’œil furtif et ensuite, les yeux au sol. Et c’est là que j’ai vu. Au début, j’ai pensé que les New Yorkais passaient tellement de temps debout dans les transports en commun que, peut-être, toutes les couleurs avaient coulé jusqu’à leurs pieds. Mais non… Les New Yorkais ne s’habillent pas de façon terne ; ils mettent tout dans leurs chaussures puisque, de toute façon, c’est la seule chose que les gens vont regarder !
De retour sur la 145ème Rue, je sors du wagon de métro en même temps qu’un homme qui marche à reculons, monte les escaliers à reculons et continue comme ça jusqu’à l’extérieur. Il ne regarde pas une seule fois derrière lui. La plupart des gens s’écartent, certains paraissent décontenancés, comme si pendant un court instant ils se demandaient s’ils n’avaient pas fait d’erreur, si ce n’était pas eux qui étaient dans le mauvais sens…
Barton H.