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Bruit Noir « I / III »
Bruit Noir aurait plu à Céline. C’est sombre et tellement près de la réalité que la lumière joue des coudes et surgit là où on ne l’attend pas.
Il ne faut pas se retrouver dans l’œil du cyclone Bruit Noir. Etre une idée fixe de Pascal Bouaziz, c’est l’assurance d’être décortiqué jusqu’à l’os, d’être sujet à une glose acide (mais pas acerbe) qui mériterait de passer la nuit debout à République. Heureusement, ici il n’y a pas de débats, juste un parcours d’observateur, celui de Pascal Bouaziz, mis en musique par son compère de Mendelson, le batteur Jean-Michel Pires. Et afin de tuer dans l’œuf toute sémantique velléitaire, le premier regard qu’il porte est hédoniste : « Requiem » parle de… Pascal Bouaziz. Le ton est donné. Sa plume égratigne ensuite les anciennes amours (mais pas forcément Joe Dassin), le capitalisme, ses usines et ses bobos, les souvenirs (mais pas Joy Division ni son grand-père ; en revanche Metallica…), la province et ses centre villes déserts, les manifestations (piège à cons ?), Easy Jet et bien sûr la sécurité sociale. Et on en oublie !. La voix chaude et grave, tout en spoken word fait le reste, surfant sur des sons minimalistes, entre musique presque contemporaine (en tout cas très actuelle), pop noisy et rythmes cabalistiques sur fond de beat jazz-électro. Réellement curieux, rapidement jouissif, Bruit Noir a le don de ne pas s’adresser aux « cons » et aux « abrutis ». Vaste programme aurait dit un certain général. Une utopie supplémentaire (celle d’un anar de droite ?) dans un monde qui navigue entre Etat d’urgence, foot et télé réalité.
Hervé Devallan
Bruit Noir « I / III » – (Ici d’ailleurs) – 4/5