Ramon Pipin « Alafu »

On aimait Au Bonheur des Dames et Odeurs. On reste attaché à Ramon Pipin qui poursuit sa route avec un nouvel album presque romantique.

Étrange. Tout commence comme un riff de Jeff Beck sur lequel Ramon Pipin aurait mis des paroles toujours aussi iconoclastes : « Il promène le chien / Qui va faire ses besoins… ». On imagine mal le guitariste anglais promener sa Fender sur de tels excentricités. Et si l’inspiration anglaise se délète rapidement, l’imagination de l’ex Odeurs reste intacte. On replonge dans nos années ado quand le même Ramon Pipin passait en revue les méfaits de notre société. Aujourd’hui encore, en solo et toujours avec humour, il poursuit cet inventaire social remis au goût du jour. Des trottinettes aux centres commerciaux en passant par les rêves interdits, on survole une actualité souvent sordide, toujours absurde. Pourtant, on ne pourrait réduire ce nouvel album par de simples saillies drolatiques. Plusieurs titres dévoilent un Ramon Pipin romantique. La présence d’un quatuor à cordes n’y est pas étrangère. Et du coup, on hésite : qui préfère-t-on ? Car choisir, c’est renoncé. Mais le naturel revient vite au galop et le second degré n’est jamais très loin. En revanche, à défaut de musique de chambres, on découvre un disque enregistré avec les moyens du bord (sûrement) qui peine à trouver un souffle que les applaudissements en fin d’opus n’arrivent malheureusement pas à élever.

Hervé Devallan
Ramon Pipin « Alafu » (Auto Production) – 3/5
Une interview de Ramon Pipin (2019)