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Versari « Sous la peau »
Tant que des groupes seront capables de nous étonner, le rock ne sera pas mort. « Sous la peau » de Versari signe une belle page de cette musique désormais adulte.
Et le rock sombre est devenu lumineux. C’est ce qui vient en tête à l’écoute de « Sous la peau », le troisième album du trio Versari… sept ans après le second opus. Qu’importe, on est déjà fan du travail de l’ex Hurleurs, le chanteur et guitariste et de ses deux complices la bassiste Laureline Prod’homme et le batteur Cyril Bilbeaud (Zone Libre, Sloy). Du beau monde. Sur 8 titres concis et atrabilaires, ils réinventent un rock sans trahir son ADN : riffs et refrains. Mais c’est un peu plus subtil que cela. Les paroles en français donnent aux phrasés des accents d’une tradition propre à l’hexagone. On mélange sens et noirceur du propos sans plomber l’atmosphère. Car derrière, le rock sait contrôler la situation en mettant en scène une musique proche d’une BO qui sait imposer son atmosphère entre cold wave et rock indépendant. Le passé des trois musiciens n’y est pas étranger. On oscille alors entre Noir Désir (sans jamais s’abaisser à les copier) et les américains de Tuxedomoon. On est en bonne compagnie et ce troisième album de Versari pourrait même faire regretter la fin d’un confinement inévitablement annoncé. Oui, le temps du télétravail au rythme de ce magnifique album où l’on retrouve Adrian Utley (Portishead) sur plusieurs guitares.
Hervé Devallan
Versari « Sous la peau » (T-Rec) – 4/5