Encyclopédie du Rock
Eiffel
Eiffel a longtemps traîné l’image du clone presque parfait de Noir Désir : voix du chanteur, puissance des guitares, ville d’origine… Bref, Eiffel a du mal à trouver une place originale dans le paysage rock bordelais et français. Mais, c’est sans compter la pâte du chanteur, guitariste, compositeur Romain Humeau qui insuffle dans l’écriture des morceaux ce grain de folie iconoclaste qui finit par signer et personnaliser l’univers du groupe. Car il est vrai qu’Eiffel doit beaucoup à la forte personnalité et à la créativité bouillonnante de son leader charismatique. D’ailleurs, l’amitié entre Romain Humeau et Bertrand Cantat (ex chanteur de Noir Désir) n’est un secret pour personne et conduit même à de fréquentes collaborations entre les deux groupes, dont la très remarquée présence de Bertrand Cantat dans les choeurs du morceau engagé « A tout moment la rue », extrait de l’album éponyme d’Eiffel sorti en 2009.
Autre piège à éviter : l’origine du nom. Rien à voir avec le célèbre architecte ferrugineux, mais bonne pioche si vous citez une chanson des Pixies. Ceux qui évoquent Oobik & the Pucks auront aussi un lot de consolation puisqu’il s’agit du premier groupe des quatre membres originels d’Eiffel, mais également de Sylvain Taillet, producteur de l’époque et aujourd’hui manager.
Pourtant, le changement de nom conduit rapidement au changement de personnel avec l’arrivée de Damien Lefèvre à la basse en lieu et place de Fred Vitani. Et c’est cette nouvelle formation qui fait la première partie des Cramps à l’Elysée-Montmartre en avril 1998. Quelques mois plus tard le maxi « L’affaire » est auto édité. Un choix assumé et revendiqué tant Eiffel est adepte du Do It Yourself. Une volonté de contrôle qui les pousse en 2000 à choisir Labels, une maison de disque indépendante, et à refuser la proposition d’EMI. Aléa des algorithmes économiques, Labels est ensuite racheté par Virgins… Qu’importe, « Abricotine & Quality Street » précède de quelques mois le premier album des bordelais. En 2002, « Le ¼ d’heure des ahuris » confirme cette volonté d’échapper au format rock français en explorant – parfois – de puissantes contrées noisy, les poussant loin des standards du genre. La presse les suit ; le public en fait autant. Résultat : le premier album live est enregistré en 2004 aux Eurockéennes de Belfort avec Emiliano Turi à la batterie. Un témoignage vidéo qui marque aussi le début d’une pause de deux ans. Chacun vaquant à ses occupations. Romain Humeau en profitant pour sortir son album solo et Damien Lefèvre pour rejoindre Luke.
C’est donc un Eiffel new look qui rentre en studio à Bruxelles en 2006 pour enregistrer le troisième album. En effet, autour du couple Humeau, on trouve désormais Hugo Cechosz à la basse et Emiliano Turi à la batterie, remplacé sur scène par Christophe Gratien. Trois ans plus tard, quatrième opus avec cette fois ci Nicolas Courret à la batterie et l’ancien Dolly, Nicolas Bonnière, à la guitare. Estelle Humeau prenant la basse. Un album qui semble marquer un nouveau départ avec un changement de label (PIAS) et un son enfin accessible au plus grand nombre. Même constat pour l’album suivant sorti en 2012.
A noter qu’à l’image du stakhanoviste Romain Humeau, le groupe multiplie souvent les participations et autres Tributes. C’est ainsi qu’on les retrouve derrière l’unique album de Michel Houellebecq (comme musicien et compositeur en compagnie des futurs AS. Dragon), mais aussi dans les hommages à Jacques Brel (Le Plat Pays), Léo Ferré (Le conditionnel de Variété) et Michel Polnareff (Rosy). Eiffel est partout !
A ranger entre Noir Désir et Gamine
A écouter sur Myspace
A suivre sur Facebook et sur Twitter
A lire l’interview de Romain Humeau
Avant Eiffel : Le groupe s’appelait Oobik & the Pucks ; Xavier Bray a joué au seine de Virago ; Hugo Cechosz officiait au sein de Superflu ; Nicolas Bonnière était un membre historique de Dolly
Pendant et après Eiffel ?
En parallèle de l’activité Eiffel, Romain Humeau signe les arrangements de corde d’un titre de Noir Désir (Des visages, des figures), produit un album de Dominique A (Les enfants du Pirée), deux albums de Bernard Lavilliers sans oublier la musique d’un film adapté du livre de Michel Tournier : « Vendredi ou les limbes du Pacifique« , véritable album solo aux côtés de « L’éternité de l’instant » (2005) et « Mousquetaire #1« .(2016)
En 2003, Damien Lefèvre part à Londres enregistrer les parties Basse pour l’album de Luke. Groupe qu’il rejoint définitivement en 2004. En 2012, il se lance dans l’aventure solo sous le nom de Dam Barnum..
Nicolas Courret quitte Eiffel pour une vie de famille plus tranquille. On le retrouve néanmoins derrières les futs de Bed ou encore d’Headphone. En 2014, il participe à l’enregistrement du disque « Pandemonium, Solace and Stars » de Laetitia Shériff. Rebelotte en 2020. On le retroiuve aussi crédité sur le premier album solo de Daniel Paboeuf, le sax emblématique de Marquis de Sade.
En 2008, Hugo Cechosz et Christophe Gratien montent Twin Sisters (aujourd’hui Twin Twisters). Ils jouent également dans un groupe de musique folk Cap’Trad. Hugo Cechosz est également sur le premier album de la chanteuse Melissmell.
Fiche technique d’Eiffel
Ou : Bordeaux
Quand : depuis 1998
Site internet
Genre : Rock
Line up
1998 : Romain Humeau (Chant, Guit) – Fred Vitani (Basse) – Nicolas Courret (Batterie) – Estelle Humeau (Claviers, Guit)
1998 : Romain Humeau (Chant, Guit) – Damien Lefèvre (Basse) – Nicolas Courret (Batterie) – Estelle Humeau (Claviers, Guit)
2001 : Romain Humeau (Chant, Guit) – Damien Lefèvre (Basse) – Emiliano Turi (Batterie) – Estelle Humeau (Claviers, Guit)
2002: Romain Humeau (Chant, Guit) – Damien Lefèvre (Basse) – Xavier Bray (Batterie) – Estelle Humeau (Claviers, Guit)
2003 : Romain Humeau (Chant, Guit) – Hugo Cechosz (Basse) – Emiliano Turi (Batterie) – Estelle Humeau (Claviers, Guit)
2007: Romain Humeau (Chant, Guit) – Hugo Cechosz (Basse) – Christophe Gratien (Batterie) – Estelle Humeau (Claviers, Guit)
2009 : Romain Humeau (Chant, Guit) – Estelle Humeau (Basse) – Nicolas Courret (Batterie) – Nicolas Bonnière (Guit)
Albums
1999 : EP « L’affaire » (Eiffel Records)
2000 : EP « Abricotine & Quality Street » (Labels)
2001 : « Abricotine » (Labels)
2002 : « Le ¼ d’heure des ahuris » (Labels)
2004 : Live « Les yeux fermés » (Labels)
2007 : « Tandoori » (Labels)
2009 : « A tout moment » (PIAS)
2012 : « Foule monstre » (PIAS)
2019 : « Stupor machine »
Et s’il n’en reste qu’un
2001 : « Abricotine »
Le clip non censuré de « Libre«
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