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October US tour day 10 – Drive Tim Drive « Tous ceux que je connais vivent ici »
On s’échappe en direction de la côte après un autre petit déjeuner dans un diner. Je n’ai presque plus de comprimés contre l’indigestion. Le régime alimentaire américain ne peut être décrit que comme une sorte de suicide lent. Je sais que ce blog parle beaucoup de nourriture, mais interrogez n’importe quel musicien en tournée : c’est une obsession même pour ceux qui ne font pas particulièrement attention à ce qu’ils mangent chez eux. Les moments des repas sont comme des repères le long d’un itinéraire qui, sans eux, semblerait flou. Petit-déjeuner, déjeuner, dîner. Ce sont des mots qui impliquent des racines et un sentiment d’appartenance… aussi fugitif soit-il.
On traverse le pont, on laisse Portland derrière nous et très rapidement, le paysage change, de la banlieue à des champs avec des chevaux dans des enclos et des gens qui semblent aller au travail en tracteur.
1500 armes à feu en stock
L’armurerie de Philomath, une petite cahute en bois blanc au bord de l’autoroute, a une enseigne qui revendique 1500 armes à feu en stock. Je pensais être doué pour mettre des trucs sur des étagères, mais là, ils pourraient gagner un prix. Je suis presque tenté de feindre un intérêt pour les flingues juste pour aller voir leur système de stockage, mais je crains qu’ils parviennent à me fourguer un Colt 45 et que je me rende compte en sortant du magasin que je suis désormais propriétaire d’un petit bout de terrain en bordure de la ville, de deux chevaux et d’une jeep. C’est comme ça qu’ils vous embobinent… Roule Tim, ROULE !
Une guitare Supra Lapsteel
Plus loin sur la route, Newport réussit là où Philomath a échoué : quand je sors de la ville, j’ai une petite valise noire à la main. Pas une arme à feu, mais un instrument de paix datant de 1954. Une guitare Supra Lapsteel.
Le Pacifique est si éblouissant dans la lumière de fin d’après-midi que je ne peux pas le regarder en face. On s’est arrêté à un glacier décoré pour Halloween sur le littoral Pacifique ; une longue route avec des communautés parsemées le long. Je n’arrive pas à imaginer ce que font les gens par ici, en bord de mer. Ils sont bien trop loin de n’importe quelle grande ville pour pouvoir aller y travailler. Ils doivent tout simplement vivre ici, coincés entre l’océan et la forêt. Je demande à la fille qui nous sert les glaces et elle semble surprise par la question.
« Tous ceux que je connais vivent ici, » dit-elle.
Roule Tim, roule !
Barton H.
Day 1 : Harlem to Brooklyn
Day 2 : Hicksville
Day 3 : New York backwards
Day 4 ; New York Umlaut
Day 5 : Boston girl talk
Day 6 : West coast limbo
Day 8 : Seattle
Day 9 : Portland Politics
